Trafic d’armes en France : faut-il s’inquiéter ?

Août 15, 2021 | France, Terrorisme, Terrorisme et extrémisme

En France, le trafic d’armes est à l’origine de nombreuses violences, en particulier d’homicides; il est souvent mené par des criminels organisés soutenant des opérations liées au terrorisme, alors qu’il s’agit aussi d’une préoccupation majeure sur la sécurité humaine.

La police bosnienne a annoncé, le mois en cours (août), avoir arrêté un homme bosnien à la frontière croate soupçonné de trafic d’armes vers la France, et saisi une cargaison d’armes (12 mitraillettes) destinée au marché illégal français.

Ce n’est pas la première fois. En janvier de l’année en cours, les autorités françaises ont démantelé un important réseau de contrebande d’armes à la suite de quoi dix (10) suspects ont été inculpés pour « acquisition, possession et détournement» d’armes et de pistolets militaires, et « appartenance à une bande organisée. Les armes vendues pourraient tomber entre les mains de trafiquants de drogue et d’adeptes de l’extrême droite. Le danger de ce réseau résidait dans le fait qu’il comprenait deux militaires âgés de 31 ans, l’un travaillant au ministère français de la Défense et le deuxième dans une base militaire dans l’est du pays, outre des anciens militaires et collectionneurs d’armes. Certains d’entre eux sont soupçonnés d’avoir des liens avec « l’extrême droite ».

Bien que la France ait mis en place des lois strictes pour contrôler la vente d’armes sur le marché, notamment l’impératif pour l’acheteur de passer un test psychologique avant d’obtenir un permis de port d’arme, alors que le permis de chasse ou de sport doit être renouvelé périodiquement. La demande de ce permis par ceux qui ont un casier judiciaire est rejetée, mais les armes sont encore largement répandues parmi la population, d’autant plus que le nombre d’armes détenues illégalement dépasse celui des armes détenues légalement.

Facteurs qui favorisent le commerce des armes

Dans un monde caractérisé par le rapprochement international, l’ouverture mondiale et les interactions des relations mutuelles, les pays sont influencés les uns par les autres, et toutes ces interactions se reflètent d’une manière ou d’une autre sur leur scène interne, d’où l’augmentation du commerce et des échanges d’armes illégales dans la plupart des pays du monde, dont la France. Cette hausse est due à :

Commerce des armes prospère dans le monde :

Le commerce des armes est considéré comme le plus rentable commerce dans la plupart des pays du monde. Toutefois, il est difficile d’estimer le volume du commerce des armes à l’échelle mondiale ou dans pays en particulier. Pour certains il est estimé à près de 60 milliards de dollars par an, soit 10 à 20 % de la valeur totale du commerce des armes sur le marché mondial et des dépenses militaires des pays qui dépassent 1.500 milliards de dollars par an.

Guerres et conflits internes et internationaux :

Les marchés d’armes figurent parmi les marchés les plus lucratifs dans le monde en raison des guerres et des conflits locaux et internationaux, notamment au Moyen-Orient. Bien que la contrebande et le trafic d’armes soient largement répandus dans les zones de troubles politiques, cette activité ne se limite pas à ces zones.

En France, par exemple la police a déclaré, en 2016, qu’il y avait environ 30 000 armes illégales sur le sol français, qui ont été achetées de manière facile mais illégale, à un prix qui ne dépasse pas des centaines de dollars. La plupart de ces armes viennent d’Europe de l’Est.

Il est difficile d’estimer le volume du commerce des armes. Cependant, les données sur les exportations d’armes américaines, russes, allemandes, chinoises et autres indiquent qu’elles se chiffrent en dizaines de milliards par an. Certains pays du Moyen-Orient, comme l’Arabie saoudite, ont acheté des armes d’une valeur de plus de 80 milliards de dollars en 2014. Le budget militaire américain à lui seul vaut plus de 750 milliards de dollars américains.

Le commerce des armes augmente en raison de la mondialisation de l’économie internationale et de la fluidité aux frontières :

La mondialisation de l’économie internationale au cours des deux dernières décennies a permis aux activités économiques illégales d’accroitre, en particulier le trafic d’armes, ce qui a porté le taux de criminalité transfrontalière à des niveaux records. Le taux de meurtres par armes à feu en France pendant quelques années avant 2018, était près de 1800 cas.

Dans le cadre sa mission de contrôle des réseaux de contrebande, la police française a démantelé en 2014 un réseau de contrebande d’armes composé de 67 personnes, et saisi 300 pistolets et 500 fusils. Quelque 350 gendarmes français ont participé à cette opération.

L’Autriche, l’Allemagne et les pays d’Europe de l’Est sont en tête des pays d’origine des armes en contrebande vers la France. Les armes confisquées comprennent des pistolets « Glock 9mm », tels que ceux en possession de la police française et de l’armée française, des mitrailleuses Kalachnikov et d’autres armes datant de la Seconde Guerre mondiale.

Elles font partie des armes légères, dont la valeur est estimée à environ 8 milliards. Selon les instances internationales concernées par la prolifération des armes dans le monde, plus de 600 millions d’armes légères circulent dans le monde. Il existe également environ 1150 fabricants d’armes dans plus de 98 pays qui fabriquent des armes légères et des munitions. Environ un demi-million de personnes meurent chaque année à cause des conflits armés, soit une victime chaque minute.

Dans certains pays, comme l’Australie, par exemple, les salaires des tueurs à gages variaient entre 13 610 $ et 83 000 $, en l’Italie entre 3 700 $ et 27 000 $ et en France – Monaco 330 000 $.

La propagation du terrorisme dans le monde :

La propagation du terrorisme dans le monde a augmenté la demande sur les armes légères. Le transport, l’achat et la vente des armes est facilité grâce aux réseaux existants sur Internet. Ces armes sont utilisées dans des opérations terroristes locales contre les pays eux-mêmes.

Lors des attentats terroristes de 2015 qui ont fait 131 morts à Paris et à Saint-Denis, les assaillants portaient des fusils Zastava, des mitraillettes yougoslaves.

Ces armes, selon l’évaluation des enquêtes, pourraient provenir des pays des Balkans, dont la Bosnie fait partie, qui est l’une des principales sources d’armes utilisées dans le crime organisé sur son territoire. L’agence d’application de la loi de l’Union européenne, Europol, estime qu’il y a entre trois et six millions d’armes à feu en circulation dans les Balkans occidentaux, une région dévastée par plusieurs guerres au cours des années 1990.

Bien que les protocoles internationaux interdisent l’usage d’armes « qui, par leur nature, visant sans distinction des cibles militaires et des civils ou des biens de caractère civil ». Selon la législation de plusieurs pays, les violations de cette règle constituent un crime.

En vertu de la règle coutumière les civils ne doivent pas faire l’objet d’attaques. Ceux qui enfreignent cette règle seront punis, mais au vu de la complexité des facteurs de propagation des armes, il est très difficile de prévoir la possibilité d’une baisse de leur circulation, ou de la réduire de manière significative dans un avenir.

Cela nécessite davantage de coopération entre les pays, des solutions d’échange de données et un accès mutuel aux bases de données de chaque pays concernant les armes illégales outre une activation plus large du travail d’Interpol et un accès permanent au personnel de police de première ligne à un large éventail de bases de données criminelles avec Interpol pour pouvoir comparer et vérifier les informations des suspects, ou si ces suspects sont connus de la police dans l’un des 194 pays membres d’Interpol. Il est supposé que tous les pays seront également motivés par ces procédures pour rejoindre l’Interpol international, avec le partage de données, et que ces données ne seront pas limitées à un pays spécifique.

Mots clés :france | terrorisme
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