Le Mali après le retrait de force Barkhane française

Juin 23, 2021 | Afrique, France, Les rapports, Terrorisme, Terrorisme et extrémisme

Dr. Mady Ibrahim Kanté

L’armée française est intervenue massivement au Mali en 2013 suite à la conquête de plusieurs villes maliennes – Gao, Tombouctou et Kidal notamment – par des groupes djihadistes[1]. Après avoir repoussé les rebelles à l’occasion d’une opération coup de poing baptisée «Serval», elle a fusionné l’ensemble de ses troupes stationnées dans la région au sein d’une opération de plus longue haleine, «Barkhane», une force de 4000 hommes, dotée d’un poste de commandement à N’Djamena et d’une petite dizaine de bases terrestres et aériennes au Tchad, au Niger et au Mali. Les forces de Barkhane s’engagent activement à lutter contre divers types de crimes terroristes, et empêcher toute activité criminelle dans le but d’instaurer la paix dans le Sahel. L’opération de Barkhane est une opération de contre-insurrection terroriste dans la région sahélienne.[2] Dès lors, la force française au Mali coopère avec les forces armées maliennes dans la lutte contre les djihadistes au Mali.

La force française (Barkhane) fait face à de nombreux défis depuis sa mise en place, notamment en matière de protection des civiles , plusieurs fois, la force était accusée par la population malienne pour sa bavure contre les civiles. Si la force française a des soutiens à Bamako, néanmoins, au Nord et au Centre du pays elle est l’une des forces critiquées. En effet, l’utilité de l’Etat malien qui est considérée actuellement par la grande majorité au Nord et Centre du pays, malgré sa faiblesse, son manque de moyens d’assurer la sécurité de la population.

Les conséquences du retrait de forces françaises du Mali

Le 10 juin 2021, le président français Emmanuel Macron a annoncé, lors d’un point presse, qu’il mettra fin à l’opération militaire Barkhane contre les djihadistes au Sahel, selon des modalités et un calendrier qui sera précisé dans quelques semaines.[3] Sachant que, le coup d’Etat du Colonel Assimi Goïta, pourrait être la cause  pour ce retrait rapide annoncé. Car un retrait de forces françaises du Sahel, a été envisagé depuis l’automne dernier, en raison d’une certaine lassitude de Paris après huit ans d’engagement militaire qui  a empêché les djihadistes de s’emparer de Bamako et d’installer un califat islamique d’où ils auraient pu préparer des attentats dans toute la région du Sahel, mais sans pour autant réussir à les éliminer, aussi recevoir de plus en plus des accusations des violences de droits fondamentaux de la population, bien que la France ait perdu 55 soldats depuis 2013. D’après le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian « Evidemment la France n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel».[4]

La région sahélienne souffre par ailleurs de la crise persistante du terrorisme depuis des années, les pays notamment le Mali et le Burkina Faso, n’arrivent pas à faire face aux menaces terroristes. Ces pays avaient tendance à lutter contre les groupes terroristes au niveau national, alors qu’on peut noter que les djihadistes sont devenus les maitres  de certaines localités au Mali et au Burkina Faso (le Centre, Nord du Mali et le Nord du Burkina Faso), où ils dictent et exécutent leurs  lois. Cependant, un pays comme le Mali, les soldats, sont à la recherche des fauteuils ministériels, s’installer sous les climatiseurs de bureau, avec une armée moins équipée face à des groupes terroristes, qui possèdent des nouvelles armes et équipements de guerre[5].

l’armée malienne, soufre de la division interne, ainsi de la corruption menée par certains responsables de l’armée/dans l’armée. Egalement, les soldats sur le terrain, n’arrivent à gagner la confiance de la population. Toutefois, qu’ils mènent des guerres contre les terroristes, la population se plaigne que, des innocents civiles sont attaqués, ils n’arrivent pas à identifier les terroristes[6].

Les scénarios possibles du retrait de Barkhane

Quand l’Etat malien se trouve dans le vide, abandonné par les anciens alliés, les FAMAs sur le terrain sans les drones militaires français, ni le soutien logistique américain !

trois scénarios possibles :

Le premier scénario, serait l’établissement d’une nouvelle coopération avec l’un des puissances mondiales, qui pourrait venir au secours du Mali. Surtout, à la tête du pays, des hommes qui ont une relation étroite avec la Russie. Puis, déjà liée avec le Mali d’Assimi Goïta par des accords de coopération militaire, la Russie pourrait profiter de la position française, de la situation politique et sécuritaire pour avancer ses pions à Bamako. Avec une frange de l’opinion publique malienne l’appelle en tout cas de ses vœux.[7] Sinon, il serait désormais, si l’armée malienne ne prend pas sa responsabilité, une menace terroriste se réaliserait sur tout le pays du Nord au Sud et de l’Est au l’Ouest. Cependant, aucune région ne sera épargnée. Les djihadistes ne sont jamais loin, le 2012 n’est jamais loin du Mali.

Quant au second scénario, la France a suspendu déjà ses activités militaires avec les forces armées maliennes, depuis le coup d’Etat du 24 mai passé contre le président de la Transition, M’Bah N’Daw. Elle fera le retrait de ses troupes du Sahel, d’après le président. Mais la présence militaire française au Sahel, pourrait être d’une autre façon, «Paris continuera de s’impliquer, mais dans un cadre nouveau d’appui aux forces armées locales et avec des effectifs moins importants»[8]. Le Colonel AG et son équipe, pourraient faire encore un appel à l’appui de la France, puis Paris s’impliquera, mais dans un cadre nouveau d’​appui aux forces armées maliennes, même si serait avec des effectifs moins importants, mais l’armée malienne aura besoin plus d’appui logistique et des équipements militaires.

Le scénario trois, la négociation et les concessions font partie du processus normal par lequel les guerres contemporaines prennent fin.[9] ​Mais elle est perçue comme passablement extraordinaire dans le contexte de la guerre contre le terrorisme. Au cas où l’Etat malien n’arrive pas à faire face à Iyad, Amadou Koufa et l’EI au Mali. Faut-il négocier avec les groupes armés terroristes ? Notamment avec les terroristes maliens (Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa), afin de mener un combat commun contre l’Etat islamique au Mali, Adnane Abou Walid al-Sahraoui (Chef de l’État islamique dans le Grand Sahara).

Les pratiques attendues dans une guerre, s’asseoir à la table des négociations en vue de parvenir à un échange des otages, comme le gouvernement de la transition passée de Moctar Ouane avait avec Iyad, pour libérer plus de 200 djihadistes.[10] Pour quoi pas Assimi et son premier ministre Choguel Maïga, vont pas au-delà de cela afin d’arriver un accord de paix.

 

[1] Demande du gouvernement malien de la transition 2012-2013, pour l’intervention militaire.

[2] “G5 Sahel, « Communique final du sommet des chefs d’état du g5 du sahel, ” p. 1, accès Octobre 26, 2018, http://www.g5sahel.org/images/fichiers/FEV_2014_COMMUNIQUE_FINAL_SOMMET_DU_G5_SAHEL.pdf

[3] « Le président Macron annonce la fin de l’opération Barkhane au Mali », Les Echos, 10 juin 2021, https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/la-france-en-passe-de-reduire-son-intervention-militaire-au-mali-1322584.

[4] « Le président Macron annonce la fin de l’opération Barkhane au Mali ».

[5] Recherche de terrain du chercheurs, 2019, 2021.

[6] Recherche de terrain du chercheurs, 2019, 2021.

[7] « Au Mali, la Russie peut-elle profiter de la prise de pouvoir d’Assimi Goïta ? – Jeune Afrique », JeuneAfrique.com (blog), 2 juin 2021, https://www.jeuneafrique.com/1181006/politique/au-mali-la-russie-peut-elle-profiter-de-la-prise-de-pouvoir-dassimi-goita/.

[8] Daouda Bakary KONÉ, « Sahel : Emmanuel Macron annonce la fin de l’opération Barkhane », Financial Afrik (blog), 10 juin 2021, https://www.financialafrik.com/2021/06/10/sahel-emmanuel-macron-annonce-la-fin-de-loperation-barkhane/.

[9] REITER, Dan, How Wars End, Princeton, NJ : Princeton University Press, 2009.

[10] « Au Mali, la libération de 200 islamistes constitue un succès pour les djihadistes », consulté le 20 juin 2021, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/14/au-mali-la-liberation-de-200-islamistes-constitue-un-succes-pour-les-djihadistes_6055956_3212.html.

Mots clés :#Barkhane | france | Macron | Mali | terrorisme
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