Ukraine sans adhésion à l’OTAN : un avenir semé d’embûches

Avr 9, 2025 | Europe, France, Les rapports, politique

L’avenir de l’Ukraine semble incertain et semé de risques face à la diminution des chances d’adhésion à l’OTAN, avec des appels pour que l’Union européenne intervienne en offrant au moins une adhésion à l’Union.

Les dirigeants de l’UE s’efforcent de trouver leur place dans les négociations de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Cependant, les décideurs européens, conscients de l’impact d’une telle solution sur le système de sécurité européen dans son ensemble, hésitent à proposer des solutions audacieuses qui produiraient des résultats immédiats.

Le renforcement militaire européen est une étape nécessaire, mais il ne résout pas le problème de fond. Alors, comment garantir la sécurité de l’Ukraine pour prévenir une nouvelle guerre potentiellement allumée par la Russie en Europe ? L’une des solutions consiste à accélérer l’adhésion de Kiev à l’Union européenne.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, appelle à une extension de l’article 5 du Traité de l’OTAN pour inclure l’Ukraine, considérant cela comme “la proposition la plus simple et la plus efficace” pour garantir la sécurité de l’Ukraine et contrer les manœuvres russes.

De même, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a qualifié l’adhésion à l’OTAN de “garantie de sécurité la plus forte” et de “moyen le moins coûteux pour aller de l’avant” pour l’Ukraine.

Cependant, cette proposition semble peu probable à mettre en œuvre, compte tenu des déclarations claires de responsables du gouvernement du nouveau président américain Donald Trump… L’adhésion à l’OTAN est exclue.

L’Article 5 du Traité de l’OTAN

Les décideurs européens ont évité jusqu’à présent de reconnaître que l’Union dispose de sa propre version de l’“article 5” du Traité de l’OTAN, qui pourrait rendre l’adhésion à l’Union une garantie de sécurité en soi pour l’Ukraine.

L’article de défense mutuelle de l’Union européenne, en vertu de l’article 42(7) du Traité de Lisbonne, stipule : “Si un État membre est victime d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres sont obligés de lui apporter de l’aide par tous les moyens dont ils disposent”.

En ce qui concerne l’exécution, la formulation “tous les moyens dont ils disposent” inclut l’option d’une aide militaire. Bien que cet engagement soit contraignant pour les États membres, il n’affecte pas la neutralité de l’État et est compatible avec les obligations découlant de l’adhésion à l’OTAN.

Pour certains experts juridiques, comme le souligne un rapport de Finabel en 2024, la clause de défense mutuelle de l’UE est vue comme une version améliorée et plus stricte de l’article 5 de l’OTAN, car “elle comporte un devoir d’aide plus fort lorsqu’elle est activée” et améliore la portée régionale de son application.

Comme l’article 5, la clause de défense mutuelle de l’UE n’a été testée en pratique qu’une seule fois, lorsque la France a été le premier État à y recourir après les attaques terroristes de novembre 2015.

Les États membres de l’UE ont apporté un soutien militaire à la France et renforcé l’échange de renseignements, certains pays comme la Suède ayant même accepté de vendre des équipements militaires et de fournir un soutien logistique pour les frappes aériennes en Irak et en Syrie.

La présence de cette clause pourrait résoudre les problèmes liés aux garanties de sécurité de l’Ukraine, en offrant une solution alternative immédiatement exécutable… accepter l’Ukraine via une procédure d’adhésion immédiate à l’Union européenne.

Cette clause, ainsi que les efforts de l’UE en matière d’armement, pourrait empêcher et décourager la reprise de la guerre en Ukraine après la fin du conflit. Elle éliminerait également la possibilité d’un gel du conflit, que Moscou maîtrise parfaitement. Plus important encore, l’adhésion à l’UE aiderait l’Ukraine à reconstruire son économie, augmentant ainsi ses chances de s’autosuffire militairement à l’avenir.

Les négociations d’adhésion de l’Ukraine

En 2024, l’Union a lancé des négociations officielles d’adhésion avec l’Ukraine, mais en raison de la complexité du processus bureaucratique, l’année 2030 semble être l’horizon le plus optimiste pour une adhésion.

Le gouvernement de Kiev lutte pour progresser dans l’adoption des législations de l’UE et la mise en œuvre des réformes nécessaires à l’adhésion, malgré la guerre en cours.

Les dirigeants européens doivent comprendre ces circonstances exceptionnelles, cesser de considérer l’adhésion à l’Union comme un simple processus formel et rigide, et la reconfigurer en fonction des réalités géopolitiques contemporaines.

L’expansion stratégique de l’Est offrirait à l’UE l’opportunité de devenir une puissance d’importance géopolitique, comme le prétendent ses dirigeants, au lieu de se retrouver prise dans les pièges de Washington et de Moscou.

Cela montrerait également à la nouvelle administration Trump que l’UE est sérieuse et dispose des outils politiques et de la volonté nécessaires pour ne pas accepter un rôle d’observateur dans les négociations de sécurité ukrainiennes.

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