Le 28 novembre 2024, le Tchad a annoncé la dénonciation de son accord de défense avec la France. Cette décision inattendue a été révélée peu après la visite du ministre français des Affaires étrangères à Ndjamena et intervient dans un contexte de tensions persistantes entre les deux pays. Ce rapport analyse les principales causes de cette rupture et les événements qui y ont conduit.
Chronologie des événements
• Septembre 2024 : Le président tchadien Mahamat Idriss Deby rencontre Emmanuel Macron en France. Cette visite semblait marquer un apaisement dans les relations bilatérales. Cependant, des enquêtes ouvertes en France sur les biens de la famille Deby ont irrité le président tchadien.
• Fin octobre 2024 : Une attaque de Boko Haram sur une base tchadienne dans la région du Lac Tchad met en lumière un manque perçu de soutien de la France. Selon des sources tchadiennes, l’armée française aurait refusé de fournir des renseignements et un appui aérien malgré des demandes urgentes.
• 28 novembre 2024 : Ndjamena annonce la rupture de l’accord de défense avec la France, peu après le départ de la délégation française.
Causes identifiées
1. Manque de soutien militaire :
Le refus présumé de la France de répondre aux demandes tchadiennes lors de l’attaque de Boko Haram a été perçu comme un manque de coopération stratégique.
2. Tensions sur le conflit soudanais :
• La France aurait accusé le Tchad de soutenir les rebelles du général Hemedti au Soudan.
• Paris aurait demandé la neutralité de Ndjamena, ce qui a été mal accueilli par le président Deby.
3. Critiques sur les élections tchadiennes :
• La France aurait plaidé pour le report des législatives et des locales prévues le 29 décembre, invoquant un besoin d’inclusivité. Cette suggestion aurait provoqué une forte réaction de la part du président tchadien.
4. Problèmes internes en France :
• Des enquêtes en cours en France sur des biens immobiliers et mobiliers de la famille Deby ont contribué à l’irritation des autorités tchadiennes.
Réactions
• Côté tchadien :
Les autorités dénoncent une attitude jugée « arrogante » de la part de la délégation française. Mahamat Idriss Deby aurait exprimé une « colère froide » face aux critiques perçues comme une ingérence dans les affaires internes du pays.
• Côté français :
Paris se dit surpris par cette rupture, aucun signe de désaccord majeur n’ayant été détecté lors de la visite officielle.
Conséquences et perspectives
Cette rupture marque une détérioration significative des relations franco-tchadiennes, historiquement étroites dans les domaines militaire et stratégique.
Elle pose également des questions sur l’avenir des engagements sécuritaires et économiques entre les deux pays.
Des efforts diplomatiques seront nécessaires pour apaiser les tensions, bien que la méfiance mutuelle et les différends récents rendent une réconciliation rapide peu probable.