Niger : Une économie au bord de l’effondrement avec un déficit bancaire record de 522 milliards FCFA en 2024

Jan 16, 2025 | Afrique, Les rapports

Depuis le coup d’État du général Abdourahamane Tiani en juillet 2023, le Niger fait face à une crise économique d’une ampleur inédite. L’instabilité politique, combinée à des décisions de gouvernance douteuses telles que la fermeture des frontières avec le Bénin ou la dégradation des relations avec des partenaires internationaux, a accéléré la chute d’une économie déjà fragile.

Un déficit bancaire alarmant

Selon la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le déficit bancaire du Niger atteignait 522 milliards FCFA au 31 octobre 2024 et pourrait dépasser 600 milliards d’ici à la fin de l’année. Ce déficit illustre un manque critique de liquidités dans les banques commerciales, provoquant un déséquilibre entre :

• Les dépôts des clients,
• Les prêts accordés,
• Les engagements financiers envers les créanciers et partenaires.

Les causes profondes de la crise bancaire
1. Retrait massif des dépôts :
• Une méfiance généralisée des épargnants pousse à des retraits massifs, asséchant davantage les banques.
2. Créances douteuses :
• L’État, les entreprises et les ménages, asphyxiés par la crise, ne parviennent plus à rembourser leurs dettes, augmentant le volume des créances non recouvrables.
3. Suspension des financements extérieurs :
• Les institutions comme le FMI, la Banque mondiale, la BOAD et la BAD ont suspendu leurs financements, privant le secteur bancaire d’apports vitaux en liquidités.

Conséquences sur l’économie nationale

1. Suspension des aides internationales :
• Les financements de l’Union européenne, des États-Unis et d’autres partenaires traditionnels ont été gelés, aggravant les déficits de l’État.

2. Effondrement des investissements :
• Les investisseurs locaux et étrangers fuient un climat économique instable et peu attractif.

3. Chute drastique des exportations :
• Une baisse de 60 % des revenus issus de l’exploitation de l’uranium, du pétrole brut et de l’or, principales sources de devises du Niger, due aux tensions géopolitiques et au manque de stratégies de développement.

4. Inflation galopante :
• Les prix des produits de base explosent, rendant la vie quotidienne insoutenable pour une grande majorité de Nigériens.

5. Endettement insoutenable :
• L’incapacité de l’État à honorer sa dette intérieure et extérieure accroît la pression sur le système économique.

Les répercussions sur le système bancaire

• Risque de faillite :
Les banques les moins capitalisées risquent de fermer leurs portes, entraînant des pertes massives pour les épargnants.
• Augmentation des taux d’intérêt :
Pour pallier le manque de liquidités, les banques augmentent leurs taux, rendant l’accès au crédit encore plus difficile pour les particuliers et les entreprises.
• Perte de confiance généralisée :
La population, craignant pour ses économies, retire son argent et contribue à une spirale de déstabilisation financière.

Impact sur la population

1. Accès réduit au crédit :
• Les petites entreprises et les agriculteurs, qui constituent le socle de l’économie informelle, sont privés de financements, paralysant leurs activités.
2. Explosion des prix :
• Les denrées alimentaires et les produits de première nécessité deviennent inaccessibles pour des millions de Nigériens.
3. Exode économique :
• De nombreux Nigériens fuient vers les pays voisins, cherchant à échapper à une crise économique et sociale sans précédent.

Conclusion : Un pays en détresse

Le Niger est confronté à une crise systémique qui affecte non seulement son économie, mais aussi les conditions de vie de sa population.

Avec une instabilité politique persistante, une économie en chute libre et un système bancaire au bord de l’effondrement, l’avenir du pays dépend d’un retour à la stabilité et d’une révision complète des priorités économiques et politiques.

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