La logique de la force quand elle n’est pas maîtrisée conduit irrémédiablement à une escalade qui peut être mortelle. Et c’est ce qui fait de la situation en Ukraine un véritable danger. « Et ce principe de la logique non maîtrisée de la force pourrait s’appliquer volontiers à la situation à Gaza » confie Dominique de Villepin, ancien Ministre des Affaires Étrangères et Premier Ministre français sur la chaîne info LCI. (« Une escalade qui peut être mortelle » : la mise en garde de Dominique de Villepin sur LCI, en mars 2024)
Dans ce contexte la politique israélienne aujourd’hui pratiquée à Gaza un véritable danger. Parce qu’il n’y a pas de maîtrise de l’emploi de la force.
Or force est de constater que depuis le départ, Israël n’obtient pas de résultats.
De fait, après des mois et des mois d’invasion de Gaza, Israël n’obtient pas les résultats escomptés.
« Sa politique contribue à mettre en danger sa propre sécurité d’une certaine manière, en voulant agir uniquement par la force.
C’est pour ça qu’il faut regarder en face la situation en Israël puisqu’on attend ce cessez-le-feu qui n’est toujours pas signé… » déclare Dominique de Villepin.
Quelle est la réalité quotidienne aujourd’hui à Gaza ?
Pour comprendre. Il faut la visualiser.
« Pas d’eau, pas d’alimentation, pas d’électricité, pas d’abri, pas de logement.
Une population qui est affamée, assiégée, véritablement écrasée matin, midi et soir et martyrisée à la fois par les gangs, par le Hamas et par l’armée israélienne et parfois au mépris de la déontologie militaire, quand on voit qu’ils se mettent en scène sur les réseaux sociaux.
Cette réalité-là, elle va du reste poser un problème à la communauté internationale. Pendant des années et des années, nous aurons à rendre des comptes sur cette situation. » Poursuit le Ministre français.
« Nous, Européens, les Américains, les pays arabes, nous signons le deux poids deux mesures, nous signons notre incapacité à nous mobiliser face à l’injustice.
Nous signons, alors même qu’Israël fait partie et est même une des pointes avancées du monde occidental, nous signons notre impuissance » confie Dominique de Villepin sur la chaîne info LCI.
Sur quels leviers peut-on agir ?
Parmi les leviers… il y a les ventes d’armes à Israël, il y a le commerce avec Israël et il y a la reconnaissance de l’État palestinien qui constitue le point de départ d’une stratégie politique.
« Qu’on y songe, on ne peut pas écraser, affamer un peuple sans offrir une perspective politique. Donc le moment est venu pour la reconnaissance de l’État palestinien ? Nous sommes dans le moment. » Martèle Dominique de Villepin.
Il faut rassembler tous ceux qui sont prêts aujourd’hui à se mobiliser pour franchir cette étape et faire en sorte que ce que Israël ne peut pas faire seul.
Étant entendu que « le gouvernement israélien aujourd’hui ne peut pas faire autre chose, porté par les extrémistes que de continuer à faire la guerre, que de continuer à affirmer sa vengeance…Eh bien, il faut forcer Israël à le faire », exhorte Dominique de Villepin.
Pour autant, malheureusement, pour le moment, il n’y a pas d’interlocuteur du côté palestinien. Nous le savons tous.
Et si le Hamas a été mis en avant, pas par n’importe qui, par Israël et par Benjamin Netanyahou.
« Benjamin Netanyahou, lui-même, a fait libérer les deux protagonistes principaux du Hamas, Sheikh Yassine et Yahnya Sinwar. Il les a fait libérer des prisons israéliennes.
Et par contre, Nasser al-Shaer – Ancien vice-premier ministre de l’Autorité palestinienne et membre du Hamas, qui a été emprisonné par Israël pour son affiliation politique ( NDLR), qui a passé des années et des années en prison, qui parle hébreu, et qui est pour la solution à deux États, qui est un véritable responsable politique, croupit toujours en prison. Il est plus dangereux, aujourd’hui, d’être un président de l’État palestinien que d’être un terroriste. C’est ça qui est tragique. » déclare l’ancien premier Ministre français.
Aujourd’hui, si l’on veut reconstruire un interlocuteur palestinien, eh bien, il faut créer
les conditions pour le faire.
Quoiqu’il en soit, il faut penser l’Ukraine en même temps qu’il faut penser le monde.
Tous les conflits sont interdépendants