Mazloum Abdi : Le déploiement de l’armée syrienne dans le nord de la Syrie s’est déroulé selon des « arrangements » et non pas un accord complet. Nous avons besoin d’un accord politique pour l’avenir de la région.

Nov 9, 2019 | Extrémisme, Les rapports

Commandant en chef de la « Syrie démocratique » : Nous avons informé « Washington » de l’emplacement de « El-Baghdadi » depuis mai dernier … Notre confiance aux États-Unis au plus bas niveau … Et continuons de coopérer avec la coalition internationale contre « ISIS ».

– Nous cherchons à préserver l’unité de l’État et l’intégrité de ses institutions. Nous ne ferons pas partie d’un projet menant à une nouvelle guerre. La région a encore besoin de la présence d’une coalition internationale.

– La position de l’Égypte sur la crise syrienne est « constructive et positive ». Nos relations avec l’Egypte sont très bonnes et nous cherchons à les développer. Le rôle du Qatar est « subversif » en soutenant le « Front al-Nosra » et les groupes terroristes. La Turquie joue un rôle « destructeur » en utilisant les fonds du Qatar.

– La Turquie aide les Frères musulmans à accéder au pouvoir à « Damas » … et elle est hostile à notre expérience dans le nord-est de la Syrie parce que nous avons déjoué son « projet de la fraternité ».

– Nous comptons 12 000 détenus appartenant à l’Etat islamique, dont 1500 étrangers et 6000 Iraquiens. Ankara n’a rien à voir avec eux, car elle a facilité leur entrée en Syrie. Il existe trois solutions : Soit des procès internationaux, une extradition vers leur pays, soit un soutien international à une « Syrie démocratique » pour les traiter.

– Nous avons commis des erreurs individuelles lors du recrutement de mineurs dans nos forces. Nous avons signé la Charte des Nations Unies pour éviter ces erreurs. Il y aura des écoles sous la supervision de l’ONU pour protéger les mineurs du recrutement.

– Nous avons eu des négociations indirectes avec la Turquie par le médiateur américain. Nous cherchons à atteindre un équilibre entre les différentes forces en Syrie par le biais de la communication avec la Russie, mais nous avons eu une mauvaise expérience avec elle lorsqu’elle a permis à « Ankara » d’occuper « Afrine ».

– Nous faisons partie de la Syrie et nous cherchons à préserver son unité et l’intégrité de ses institutions. Nous ne ferons pas partie de l’escalade américaine contre l’Iran, nous participerons et soutiendrons les prochaines élections en Syrie afin d’établir la stabilité et l’unité.

En Syrie, la guerre a duré longtemps jusqu’à ce que le monde entier soit optimiste quant à la destruction de l’État islamique et à l’élimination du dernier bastion. Mais les vents ne sollicitent plus les navires. La stabilité que les habitants de la région du nord-est de la Syrie ont rapidement disparue avec une nouvelle agression turque sur le territoire syrien. Et car la déclaration de victoire militaire sur l’Etat islamique reposait sur le territoire du nord-est de la Syrie contrôlé par l’administration autonome, (une alliance entre Arabes, Kurdes, Syriens et d’autres éléments syriens), cette région est devenue le centre du conflit en Syrie. Cela a été suivi par les menaces du président turc au cours des sept derniers mois depuis la défaite de l’Etat islamique, Jusqu’à la fin avec la prétendue opération « Source de la paix » lancée par la Turquie avec les factions syriennes fidèles à la Turquie, qui a déjà réussi à contrôler la zone située entre « Ras al-Ain » et « Tal Abyad ». Avec la trahison américaine des alliés au sein des SDF, ces derniers ont été obligés de rechercher un accord avec l’armée syrienne et la Russie afin de protéger le territoire syrien face à l’agression turque, Mais une fois encore, « Washington » a partiellement cédé à sa décision et a redéployé une partie de ses forces dans la région après son retrait, jusqu’à ce que la région du nord-est de la Syrie soit devenue le théâtre de la plupart des acteurs de la crise syrienne. Au milieu de tous ces développements, l’attention a été portée sur le commandant en chef du SDF, Mazloum Abdi, qui a acquis une renommée internationale pour ses efforts pour organiser le SDF et ses dirigeants afin d’éliminer ISIS. Mazloum voit que le dernier accord était comme un arrangement militaire, Mais la situation nécessite un accord politique pour l’avenir de la Syrie, car la situation sur le plan international et en syrie n’est plus susceptible de déclencher une nouvelle guerre civile, Il a souligné en même temps que les relations des pays arabes avec l’administration autonome dans le nord-est de la Syrie étaient positives, car toutes les parties cherchaient à l’unité et à la souveraineté de l’État syrien et à la préservation de ses institutions.

Au texte du dialogue :

Le dialogue a été mené par : Abdulaziz Mohamed

  • Commençons par le récent accord avec le gouvernement syrien sous la médiation de la Russie, qui a conduit au déploiement de l’armée syrienne à la frontière avec la Turquie. Quelles sont les coulisses de cet accord ?

– Ce qui s’est passé, c’est des arrangements. C’était dans le cadre des arrangements militaires entre nous. Pour compléter les choses, il faut un accord politique sur l’avenir de la région. Nous avons des réunions qui se poursuivent et nous nous sommes mis d’accord sur un plan commun pour faire face à l’attaque turque. Dans ce contexte, les forces gouvernementales syriennes sont entrées dans les villes de Manbij, Kobané, Tall Tamer et la route internationale.

  • Mais, il y a eu plus d’une fois des négociations entre vous et le gouvernement syrien, mais elles ont échoué. Pourquoi ?

-La raison en est que le gouvernement n’est toujours pas convaincu que nous ayons mené une guerre civile depuis huit ans et qu’il ne contrôle plus que 60% du territoire syrien, que ce territoire n’est pas stable et que le peuple syrien n’est plus prêt à revenir à ce qu’il était avant 2011.

La logique mise en avant par le gouvernement syrien pour une solution est celle de la réconciliation. Cela n’est pas possible car ils ne sont pas convaincus de la nécessité de véritables négociations ou d’un partenariat avec toutes les composantes syriennes. Nous n’avons donc pas trouvé de solution. Et lors des dernières négociations, il y a six mois, le gouvernement nous traitait comme si nous étions faibles en raison de l’annonce du retrait des États-Unis et comptait sur la pression turque pour que nous acceptions toutes les conditions imposées. Lorsque nous avons demandé des négociations, il ne s’agissait pas du retrait américain, car depuis le début des événements et avant que la situation ne devienne une action militaire en Syrie, nous avons demandé que la solution soit politique et démocratique pour le problème syrien, et nous demandons toujours une solution politique, Ce que le peuple kurde souhaite, c’est que sa confidentialité soit reconnue, et cette demande est la même que pour la période antérieure à 2011. Nous n’avons que deux conditions pour les négociations et nous les mettons en place avec le gouvernement central à Damas. La première condition est la reconnaissance constitutionnelle des administrations autonomes qui administrent le nord-est de la Syrie depuis des années et ont réussi dans cette tâche. La deuxième condition est l’acceptation de la spécificité du FDS, Considérant que ces forces ont libéré et protégé le nord-est de la Syrie sans entrer en guerre avec l’armée syrienne, c’est l’armée syrienne qui s’en est retirée ; Le SDF a fourni 11 000 martyrs et 24 000 blessés dans les combats contre des organisations terroristes. Par conséquent, ces forces ont le droit d’être responsables de la prise en charge de la situation sécuritaire dans le nord-est de la Syrie, D’autre part, nous faisons partie de l’État syrien et nos constantes sont les mêmes que celles de l’État syrien : son drapeau, son gouvernement élu, son président élu et tout le reste.

  • Mais les analystes et les observateurs affirment que l’accord politique entre le SDF et le gouvernement syrien se produira inévitablement, mais nécessite-t-il des concessions des deux côtés ?

– Nous insistons toujours sur le fait que nous nous opposons à la vulnérabilité de toute institution d’État, car nous les considérons comme nos institutions nationales. Nous veillons à ne pas être un État défaillant, mais un État prospère. À l’avenir, nous pensons que le problème syrien sera résolu par des moyens démocratiques, et non par la violence, et nous refusons le recours à la violence et les tentatives de renversement du gouvernement central à Damas. Nous ne ferons pas partie d’un tel projet et c’est le facteur le plus positif dans notre quête d’une solution avec « Damas », et il y aura des élections syriennes après deux ans, et ces élections seront nécessaires pour préserver les institutions de l’État. Nous participerons et soutiendrons ces élections. Donc la conclusion d’un accord avec le gouvernement contribuera au succès de la démocratie en Syrie.

  • Alors, comment voyez-vous le rôle de la Russie dans le nord de la Syrie et dans la médiation avec le gouvernement ?

– La Russie est en alliance avec le régime syrien et travaille également à la coordination avec la Turquie. Nous avons déjà eu une expérience avec la Russie à Afrine, qui a ouvert la voie à une opération de purification ethnique menée par la Turquie contre les résidents d’Afrine. C’est pourquoi nous ne pouvons pas trop compter sur la Russie, qui ne s’allie pas avec le gouvernement syrien pour protéger les Kurdes. En général, il faut à présent un équilibre entre les différentes forces sur le terrain, garantissant une solution durable et à long terme à la crise syrienne.

  • Lors du dernier sommet du G20, le président américain Donald Trump a annoncé que la Turquie avait l’intention d’éliminer les Kurdes de Syrie si Washington n’intervenait pas, Quelques mois plus tard, Le président américain a annoncé son retrait du nord de la Syrie, puis est revenu et a annoncé l’introduction de nouvelles troupes américaines dans le nord de la Syrie après l’attaque turque. Considérons-nous cela comme une contradiction dans la position américaine ?

– L’Amérique n’a pas retiré toutes ses forces du nord de la Syrie, elle s’est retirée de Kobani, Manbij, Tabqa et Raqqa, mais ses forces sont toujours situées dans les zones situées à l’est de l’Euphrate, de Deir Ezzor à Malikiyah, et n’ont reçu aucune décision exécutive leur permettant de se retirer de ces zones. Mais en général, depuis le début, le gouvernement américain, représenté par le président Trump, a tendance à réduire le nombre de soldats américains à l’étranger et a déjà voulu l’appliquer en Syrie l’année dernière, mais la pression internationale et la pression politique interne dans les couloirs de l’administration américaine et l’armée américaine ont convaincu le président américain de maintenir ses troupes en Syrie jusqu’au mois dernier. La vérité est que la survie des forces américaines est une nécessité. La réalité sur le terrain a prouvé l’importance de la présence américaine, comme en témoigne le fait que la confrontation militaire avec l’organisation terroriste « ISIS » n’a pris fin que bien après la publication de la décision de retrait américain, Cela a confirmé la validité de notre théorie sur la nécessité de poursuivre la coopération entre les forces démocratiques syriennes et la coalition internationale pour faire face à « ISIS ». Le danger de l’organisation terroriste est toujours présent, il est vrai que l’organisation a été vaincue militairement, mais le fondement sur lequel repose l’Etat islamique est très fort, et s’il existe une quelconque faiblesse dans la prise de mesures pour contrer l’organisation terroriste, que ce soit en Irak ou dans des zones contrôlées par le gouvernement syrien, ou dans nos zones, Il y aura donc une forte probabilité que ISIS réapparaisse fortement et qu’il pourra alors peut-être contrôler plusieurs territoires, cela tout le monde le sait, et nous partageons cette vision avec tout le monde, en particulier avec les responsables militaires américains, ce qui rend impossible la guerre contre l’Etat islamique en s’appuyant uniquement sur les forces locales, en Irak ou en Syrie, et il reste nécessaire d’être soutenus par les forces internationales représentées par les forces de la coalition internationale. ISIS.  »

  • Le président américain a imposé des sanctions à la Turquie et a envoyé son adjoint pour rencontrer le président turc dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu provisoire. Comment voyez-vous cette étape ?

– Nous n’étions pas d’accord avec tous les éléments contenus dans cet accord et nous avons informé l’Amérique. Globalement, notre confiance aux États-Unis est actuellement au plus bas, mais nous continuons de coopérer avec la coalition internationale pour contrer le groupe État islamique dirigé par les États-Unis. Afin de terminer la bataille contre l’organisation et de la vaincre une fois pour toutes. La décision des États-Unis de se retirer de la zone frontalière avec la Turquie a incité les forces turques à occuper une partie des territoires syriens, ce qui a entraîné un déplacement massif de civils. En outre, le retrait des États-Unis a permis le nettoyage ethnique de la Turquie contre le peuple kurde. Cependant, nous continuons de croire que la survie de certaines forces américaines dans la région servira à la fois nos intérêts et ceux de l’Amérique.

  • Mais que veut la Turquie du nord-est de la Syrie ?

– La Turquie a un problème avec le problème kurde en général et est hostile au peuple kurde dans les quatre régions du Kurdistan et pas seulement en Syrie. C’est la principale raison de son hostilité à l’égard de la partie nord-est de la Syrie. Les raisons invoquées par la Turquie pour justifier son agression ne sont que des arguments, tels que la question du danger posé par le SDF à la sécurité nationale turque, ces arguments sont commercialisés par la Turquie pour ses interventions, comme dans Afrine. Nos troupes sont à la frontière avec la Turquie depuis 7 ans. Nous n’avons commis aucune agression de notre part contre les forces turques, mais le contraire se produit. La principale raison de son hostilité à notre égard est l’existence d’une formation politique démocratique dans le nord-est de la Syrie. Le gouvernement turc veut que les Frères musulmans prennent le pouvoir à Damas, elle aide les Frères en tout, mais la présence du SDF a échoué le projet turc, Donc. Le gouvernement turc n’aime pas le SDF Parce que cela a déjoué son projet des Frères Musulmans. De toute façon, elle veut mettre fin à l’existence du SDF et à notre expérience démocratique.

  • Au cours de la dernière période, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, dans sa dernière lettre de la prison turque « Imrali » a appelé au dialogue avec la Turquie et a invité les forces démocratiques syriennes à prendre en compte les sensibilités turques, quelles sont ces sensibilités et comment les éviter.

– Le discours du dirigeant « Ocalan » était un discours public représentant sa vision politique de la solution et ne reposant pas sur la violence ou la force pour résoudre les problèmes en Syrie en général, en particulier en ce qui concerne les Forces démocratiques syriennes et la région du nord-est de la Syrie. Ocalan a appelé à une solution aux problèmes par le dialogue avec tout le monde, y compris la Turquie, et c’est la même que notre vision de la résolution des problèmes en Syrie. Nous adoptons toujours une solution négociée avec la Turquie. Nous proposons toujours de négocier une solution aux problèmes avec la Turquie, avec le gouvernement central à Damas et avec tout le monde. Cela figure dans le document politique de la Déclaration de 2015 du Conseil démocratique de la Syrie. Nous avons ouvertement déclaré partager notre vision du commandant Ocalan pour une solution par le dialogue.

  • Mais comment prendre en compte les sensibilités turques à un moment où la Turquie refusait de négocier et poursuivait son offensive malgré vos offres répétées et les rencontres entre vous et eux ?

– La Turquie poursuit toujours sa logique hostile et sa politique hostile à notre égard, mais je ne pense pas qu’il soit dans leur intérêt de continuer à dégénérer, car elle sera confrontée à une situation difficile en Syrie. Ce qui s’est passé à Afrine, c’est une situation exceptionnelle que la Turquie a bien exploitée pour lancer une campagne militaire contre elle, en accord avec la Russie et d’autres forces de la région occidentale de l’Euphrate, En échange du retrait des troupes de l’armée libre et d’autres factions qui leur sont fidèles des zones qu’elles contrôlaient au profit de l’armée syrienne. Quant à la situation dans la région nord-est de la Syrie est très différente, car nos forces sont devenues des forces expérimentées, ce qui est apparues après l’attaque turque, qui s’est clairement révélée être non pas un simple pique-nique, mais une guerre féroce. La Turquie n’a aucune raison de défendre ses revendications, et à la fin, nous pensons qu’elles n’auront que le dialogue, même s’ils s’aggravent de temps à autre, et ils le savent bien, Nous avons accepté le principe de négociations indirectes avec la Turquie avant l’attaque turque et nous avons eu un contact indirect par l’intermédiaire du médiateur américain. Nous avons présenté notre vision à propos la solution.

  • Vous avez indiqué que l’étape de la confrontation militaire avec ISIS était terminée, mais que vous poursuiviez toujours les agents de ISIS. Et vous avez participé avec les États-Unis à l’assassinat du chef du groupe, Abu Bakr al-Baghdadi, quelles sont les coulisses de cette participation ?

– Nous avions un informateur au cœur de l’organisation, qui était présente au moment de l’opération pour cibler « Baghdadi ». Le 15 mai, nous avons informé la CIA des informations que nous avions obtenues et une fois l’opération effectuée, l’informateur avait été transféré en toute sécurité à un autre endroit à la fin de sa mission.

  • Et à propos ceux qui sont déjà détenu. Dans le nord-est de la Syrie, vous avez un camp pour les familles des membres de l’Etat islamique avec 67 000 femmes et enfants, le camp d’al-Hol. Un grand nombre de membres de l’organisation sont détenus dans vos prisons. Comment allez-vous les gérer, en particulier à la suite de l’attaque turque ?

– C’est l’un des plus gros problèmes auquel nous sommes confrontés, de même que la lutte contre ISIS, qui nécessite un effort conjoint des forces de la coalition internationale et du SDF. Cette coopération commune a été cruciale pour la victoire militaire sur l’Etat islamique, ce qui nécessite également de travailler sur la question des familles, des femmes et des enfants d’ISIS détenus aussi que cette question est internationale, pas seulement nationale, car les familles ici viennent de pays différents. Malheureusement, jusqu’à présent, ces pays ne manifestent pas suffisamment d’intérêt pour ce dossier. Cela représente un grand danger et nécessite davantage de travail avec les forces internationales pour éviter le danger potentiel de la présence de familles ISIS. En ce qui concerne les membres de l’organisation, nous avons environ 12500 terroristes dans les prisons des Forces démocratiques syriennes, dont environ 6 000 avec la nationalité irakienne, 1 500 avec les nationalités étrangères européenne et américaine et d’autres, et les autres ont la nationalité syrienne. Et en ce qui concerne la Turquie, cela n’a rien à voir avec ces prisonniers ; nous avons évacué des prisons dans les zones occupées par la Turquie et transféré les prisonniers dans des zones sous notre contrôle. En général, la Turquie n’a pas le droit de s’immiscer dans le dossier des prisonniers, car elle a tout d’abord facilité l’entrée de ces éléments en Syrie.

  • Plusieurs pays ont refusé de recevoir des affiliés à ISIS qui ont originaires de ces pays, y compris les États-Unis, dont le président a lui-même appelé d’autres pays à reprendre des membres de l’Etat islamique. Y a-t-il des pays qui ont reçu des membres de l’Etat islamique ou ont entamé des négociations avec vous pour prendre ces éléments ?

– Il y a des pays qui ont déjà reçu les familles d’ISIS, seulement des familles et qui ne sont pas membres de l’organisation, et il y a encore des pays disposés à prendre en charge ces familles. Dans le même temps, plusieurs États ont ouvertement déclaré qu’ils n’étaient pas disposés à prendre en charge ces familles, ce qui indique une contradiction significative dans la question de l’action commune contre le terrorisme. En ce qui concerne les détenus, la plupart des pays qui ont des citoyens d’ISIS chez nous ne sont toujours pas disposés à recevoir des terroristes portent leurs nationalités.

  • Mais quelles solutions avez-vous en ce qui concerne l’accueil de membres de l’Etat islamique ou la conduite de procès internationaux comme des précédents tels que le Tribunal de Nuremberg pour crimes de guerre nazis ?

– La plupart des membres de l’Etat islamique qui sont chez nous ont commis des crimes contre des citoyens syriens et devraient donc être jugés sur le territoire syrien et punis pour les crimes qu’ils ont commis ici, mais cela nécessite la mise en place de tribunaux internationaux dont les résultats seront adoptés par toutes les puissances internationales, en particulier les pays auxquels ces terroristes appartiennent, mais aucun développement ne s’est produit jusqu’à présent tangible dans cette direction. Il y a des pays qui soutiennent les procès internationaux ici en Syrie, il n’est pas nécessaire de les mentionner maintenant, mais leurs efforts ne suffisent pas pour aboutir à une résolution de l’ONU à cet égard, et la plupart des pays évitent une telle décision. Il y a aussi une autre solution est que les pays qui n’acceptent pas l’idée de créer des tribunaux internationaux en Syrie pour poursuivre ISIS reçoivent des citoyens qui ont leur nationalité et ont été impliqués dans les opérations terroristes de l’Etat islamique, et nous sommes prêts à les aider. Si aucune de ces options, la création de tribunaux internationaux ou la remise des membres de l’Etat islamique à leur pays, le monde n’aura d’autre choix que de fournir un soutien efficace à l’administration autonome dans le nord-est de la Syrie pour traiter le dossier des détenus, ce que nous demandons aux pays de choisir entre ces trois options.

  • La dernière bataille contre l’organisation terroriste a été la bataille de Baghouz, la dernière poche de l’Etat islamique à Deir Ezzor. La bataille a ensuite été retardée et l’Observatoire syrien des droits de l’homme a publié que la raison de ce retard était la présence d’énormes quantités d’or pouvant atteindre 40 tonnes et d’énormes quantités d’argent que la coalition internationale souhaitait faire sortir de la région d’abord ?

– Nous n’avons pas vu d’or, d’argent ou quoi que ce soit, et ce n’est rien de plus qu’une propagande. La raison principale du retard dans la bataille des « Baghouz » est notre souci de ne pas tuer les civils ni de leur faire du mal, parce que l’organisation terroriste « ISIS » a fait de leurs femmes et de leurs enfants un bouclier humain, Chaque combattant de l’Etat islamique transformait sa tente dans le camp de Baghouz avec ses femmes et ses enfants dans une tranchée pour nous combattre, Nous avons enlevé des femmes et des enfants pour qu’ils ne soient pas victimes de cette bataille. La bataille de Baghouz faisait un kilomètre carré et en utilisant une violence excessive, nous pouvions l’éliminer en deux jours au plus, mais nous avons constaté que nous n’avions pas recours à une violence excessive dans cette bataille.

  • Au cours de la même bataille, les médias internationaux ont révélé l’assistance apportée par la Turquie à des éléments terroristes à Deir Ezzor pour lui permettre de fuir la région vers Idlib, puis la Turquie. Est-ce vrai ?

-Oui vrai, et nous avons beaucoup de preuves. Pendant les négociations pour leur donner la chance de se rendre, ils voulaient tous aller à Idlib et ils nous ont demandé de leur ouvrir la voie pour qu’ils puissent aller à Idlib, Izzaz et Afrine, des zones sous contrôle turc, mais nous ne leur avons pas permis de le faire et les avons forcés à se rendre. Toutefois, selon les aveux des détenus, il y en a déjà un certain nombre qui ont réussi à s’enfuir à « Idlib » puis à la Turquie, Cela a été démontré par la présence d’al-Baghdadi dans cette région.

  • Le général Ahmed al-Mesmari, porte-parole de la LNA, a révélé que la Turquie transportait des terroristes qui avaient fui de Deir Ezzor en Libye via le territoire turc. Avez-vous des informations à ce sujet ?

– Nous n’avons aucune information confirmée à ce sujet, mais ce n’est pas étonnant pour la Turquie, car il existe une trêve entre la Turquie et « ISIS », selon les aveux des détenus du « ISIS ». Cette trêve est toujours en cours et l’un de ses objectifs est d’autoriser les combattants de l’Etat islamique à utiliser le territoire turc pour se rendre dans certaines zones, que ce soit en Europe, en Libye ou ailleurs, alors je pense que les propos du porte-parole libyen sont réels.

  • Quant à « Afrine », pendant la campagne turque contre Afrine, Certains analystes ont décrit ce qui s’est passé comme une « trahison Américaine et internationale » contre SDF ?

– Nous avons critiqué toutes les parties à l’époque, et ce qui s’est passé est un complot international ou une entente internationale qui a permis aux Turcs d’occuper Afrin. Tout le monde a été impliqué dans cette entente à différents niveaux et dans l’accord de base entre la Turquie et la Russie et les forces de la coalition internationale, car les forces de la coalition ont vu la situation et ne sont pas intervenues. Par conséquent, nous avons reproché à la coalition internationale de ne rien faire à l’époque, bien qu’elle s’efforce maintenant de cesser le feu à Idlib et dans toute la Syrie en général, mais elle n’a pas fait le même temps pour protéger Afrine. Cette zone fait partie du territoire syrien et sera éventuellement libérée tôt ou tard, et nous n’accepterons d’aucune manière le statut actuel d’Afrine. Tout ressortissant syrien n’acceptera l’occupation turque d’Afrin. Cette occupation est le résultat de l’entente international que j’ai mentionné, et cette entente est toujours présente. Cette entente s’est déroulée dans le cadre des discussions « Astana » et « Sochi », ce qui est difficile dans le processus de restauration d’Afrin pour son peuple. Maintenant Une opération démographique menée par la Turquie à Afrin a provoqué une certaine résistance des forces de libération d’Afrin, dont le premier objectif est de mettre un terme au processus de changement démographique en cours à Afrin, et nous la soutenons. En ce qui concerne le mouvement vers la libération complète d’Afrin, nous cherchons à le rendre à son peuple et à mettre fin à son occupation par l’entente internationale ainsi que par des négociations politiques. Cela fait de nous une partie des négociations globales entre nous et la Turquie concernant le nord-est de la Syrie. Parce que nous considérons qu’Afrine fera partie intégrante de tout futur accord avec la Turquie visant à garantir la sécurité des frontières de manière à garantir les intérêts des deux parties. En même temps, nos forces sont pleinement préparées à libérer Afrine à temps.

  • Après la libération de Raqqa et pendant la bataille d’Afrin, certains médias internationaux ont fait savoir que le SDF et la coalition internationale avaient négocié avec certains pays arabes le déploiement de forces arabes au sein de la coalition dans le nord-est de la Syrie. Considérant que ces forces seront acceptées par le gouvernement et par la Turquie et tous les autres partis ?

-Il n’y a rien de tel dans la pratique, j’ai entendu la même chose des médias. Il y a un intérêt arabe dans la région nord-est de la Syrie et une volonté arabe d’aider le nord-est de la Syrie à se stabiliser et à se reconstruire, ainsi qu’à fournir des services et autres. Les pays arabes sont également très intéressés par le développement du processus politique. Nous entretenons de bonnes relations avec les pays arabes et avec l’Égypte en particulier, et ces bonnes relations avec les acteurs militaires et politiques dans de nombreux pays arabes. Cependant, il n’y a pas de coopération militaire directe avec les pays arabes et il n’est pas proposé de déployer des forces arabes dans la région nord-est de la Syrie.

  • Vous avez dit maintenant qu’il y avait de bonnes relations avec plusieurs pays arabes, y compris l’Egypte, comment sont les relations avec l’Egypte en particulier ?

Nous estimons que la position de l’Égypte sur la crise syrienne depuis le début est très constructive. Le gouvernement égyptien s’oppose à la ligne extrémiste représentée par les Frères musulmans, qui apparaît à travers certains groupes armés opérant en Syrie. Aussi que le gouvernement égyptien a toujours été favorable à la recherche d’une solution politique syrienne garantissant l’intégrité territoriale de la Syrie et la préservation des institutions de l’État syrien. C’est ce que nous considérons comme une postion très positive, En ce qui concerne les relations avec l’Egypte, ce sont des relations positives dans le cadre d’un soutien positif visant à maintenir la stabilité de la situation dans la région. L’Egypte a déployé de grands efforts pour lancer un processus et des initiatives politiques auxquelles nous avons participé, certaines de ces initiatives ont eu lieu au « Caire », et nous entretenons de bonnes relations avec le ministère égyptien des Affaires étrangères et avec les institutions de sécurité égyptiennes, nous cherchons à développer davantage ces relations afin de garantir la stabilité de la région nord-est de la Syrie.

  • Comment voyez-vous la position du Qatar sur le nord-est de la Syrie et sur la crise syrienne en général ?

– La position du Qatar est jusqu’ici subversive, Doha a joué un rôle destructeur en Syrie car elle soutient Front al-Nosra et des groupes terroristes en Syrie. Le Qatar est le seul pays à avoir soutenu l’invasion turque de la région d’Afrin et le seul à soutenir les ambitions de la Turquie d’envahir le nord-est de la Syrie. Le Qatar souhaite que la guerre en Syrie se poursuive car il y voit un intérêt, mais cette politique lui fera du tort et il devra l’abandonner. En bref, la Turquie joue un rôle destructeur en Syrie, mais elle ne peut le faire sans les fonds du Qatar.

  • Dans la dernière période. Des critiques ont été formulées à l’encontre du SDF pour le recrutement de mineurs, mais vous avez récemment signé un accord avec les Nations Unies pour l’adhésion du SDF à la Convention sur la non-exploitation des enfants dans la guerre. Quelles sont les coulisses de cet accord ?

Il y a deux ans, nous avons commencé à travailler sur ce sujet avec les Nations Unies, en particulier avec l’UNICEF. Notre objectif est la coopération commune sur la question du recrutement des enfants et, chez SDF, nous tenons à protéger les droits des enfants et à prévenir leur exploitation, ce qui est l’un des objectifs principaux de SDF. Nous sommes en communication constante avec les Nations Unies et ses institutions à cet égard, et la récente signature est le fruit d’un travail continu il y a deux ans. Nous avons déjà des cas individuels de recrutement de mineurs dans le SDF et nous avons nos propres raisons, mais nous travaillons constamment pour éviter ces erreurs. Avec la récente signature avec les Nations Unies, nous avons un programme d’action pour nous assurer que cela soit finalement surmonté. En Syrie, toutes les forces d’opérations, y compris l’armée arabe syrienne, ont commis des abus en matière de recrutement d’enfants. Depuis que nous avons des cas individuels, nous tenons à montrer l’exemple à toutes les parties en Syrie à cet égard. Avec cette signature, nos forces ont sorti de la liste des forces qui négligent le recrutement d’enfants Et les mineurs, nous sommes devenus dans une meilleure position.

  • Comment ce mécanisme sera-t-il mis en œuvre après sa signature ?

– La mise en œuvre se fera par le biais d’un plan d’action commun avec les Nations Unies, en particulier avec l’UNICEF, dans le cadre duquel un comité commun entre l’administration autonome et l’organisation de nations supervisé par l’ONU sera créé. Il y aura des écoles civiles affiliées à l’administration autonome pouvant accueillir toutes les recrues SDF âgées de moins de 18 ans et coordonnées pour les accueillir par le biais des Nations Unies.

  • Signer avec les Nations Unies représente un saut qualitatif dans le traitement politique de l’administration autonome du nord-est de la Syrie, d’autant plus que les médias internationaux ont toujours affirmé que les États-Unis, par exemple, traitaient avec le général Mazloum et le SDF uniquement d’un point de vue militaire et non politique. Ce signe aussi, Est-ce que c’est un nouveau point de départ pour commencer à traiter avec vous politiquement et pas seulement militairement ?

La signature de la Charte des Nations Unies visant à protéger les mineurs du service militaire est avant tout une étape politique. Nous sommes allés à Genève signer l’accord. C’est un processus politique par excellence, et nous le considérons comme le début de la participation de l’administration autonome et du SDF au processus politique de l’avenir de la Syrie et au règlement de la crise.

  • Mais est ce que L’ONU vous a-t-elle officiellement invité à participer au processus politique sur la solution de la crise syrienne ?

– Jusqu’à présent, il n’y a rien de nouveau dans ce domaine, mais nous avons des réunions politiques avec des représentants des Nations Unies pour discuter de la crise syrienne du point de vue politique et militaire, et c’est ce que nous considérons comme des avancées positives.

  • Comment voyez-vous l’avenir de la crise syrienne dans cinq ans ?

J’ai une vision optimiste de ce qui va se passer et je pense que nos régions du nord-est de la Syrie joueront un rôle moteur dans la résolution des problèmes de la Syrie en général. Je crois que le gouvernement syrien sera tôt ou tard convaincu que la préservation des institutions de l’État, son unité et la reconstruction de ce qui a été détruit par la guerre nécessitent la participation du nord-est de la Syrie. Nous pensons qu’une solution militaire est hors de question, car la communauté internationale et le peuple syrien n’acceptent plus une nouvelle guerre civile. Ce qu’il faut maintenant, c’est un accord international pour imposer un cessez-le-feu dans toutes les régions de la Syrie, y compris le nord-est de la Syrie, et appeler toutes les parties à un dialogue constructif et à des négociations afin de parvenir à une solution qui satisfasse toutes les composantes du peuple syrien.

 

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