L’opinion publique et la lutte française contre le terrorisme au Sahel : après l’annonce de la France d’avoir tué des djihadistes, des villageois évoquent des victimes civiles au Mali

Jan 9, 2021 | Afrique, France, Les rapports, Terrorisme et extrémisme

Dr. Mady Ibrahim Kanté

Introduction

Les pays du Sahel sont confrontés à des défis de sécurité et de développement. Ces pays sont généralement pauvres bien qu’ils puissent être riches en raison de l’abondance de leurs ressources naturelles. Depuis le début du nouveau millénaire, les pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad) ont connu le phénomène du terrorisme à travers la propagation des organisations terroristes au sein de ces pays. L’impact du phénomène ne se limite plus sur le développement. Au contraire, la perte de vies innocentes, la propagation de la peur et de l’intimidation, et le problème a atteint le point d’intimider un gouvernement ou une institution privée dans le seul but d’atteindre des objectifs politiques, idéologiques, etc.

La coopération franco-sahélienne de lutte contre le terrorisme repose sur une série de mécanismes, qui se sont reflétés dans la stabilité et la situation du développement dans la région du Sahel. Malgré les efforts fournis par l’armée française ainsi la perte des soldats français sur le sol sahélien, l’opinion publique va toujours contre l’existence de la France au Sahel. Cependant, la France n’a-t-elle pas la capacité de jouer son rôle dans la lutte contre le terrorisme et défense de la démocratie ?

La coopération contre le terrorisme au Sahel

La France a commencé par son intervention militaire au Mali contre les djihadistes qui ont envahi le Nord du pays en 2012. L’opération Serval française est arrivée après l’adoption de la résolution 2085 des Nations unies sur le Mali. Certes, l’existence des forces françaises au Sahel est pour lutter contre le terrorisme. Mais, les sahéliens continuent à se demander, si l’objectif principal de ces forces se limiterait à l’éradication des terroristes.  D’après l’opinion publique malienne depuis le commencement de la contestation du régime d’IBK au Mali, il semble que Paris tente de préserver ses intérêts. Car, juste après l’intervention, la crise a pris la forme d’un conflit interethnique. Bien que, les forces sont toujours là.

L’opinion publique sur les forces françaises au Mali

Nous pouvons constater, que l’applaudissement qui a accueillis les soldats français en 2013, n’est plus là aujourd’hui.  Juste, après l’intervention, les forces françaises demeurent toujours dans la région, notamment dans les pays du Sahel, avec la création du G5 Sahel. D’après un Commandent, le G5 Sahel est une initiative française, en plus, pendant notre visite au quartier général de l’organisation, nous avons remarqué, l’existence forte française au sien du G5 Sahel dans tous les niveaux. Par conséquent, peut-on dire la lutte contre du terrorisme de France est protéger ses intérêts (économiques, politiques et sécuritaires) dans le Sahel et au-delà.[1]

Ces dernières années, on assiste à une recrudescence du sentiment anti-français au Mali. En effet, depuis la contestation contre le régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, accusé pour la corruption, mal gestion de la crise, etc., la France était régulièrement accusée par les manifestants de servir de soutien à l’ancien régime.[2] Ainsi, sa force Barkhane est aussi accusée par une partie de l’opinion malienne de ne pas s’engager véritablement dans la lutte contre le terrorisme pour laquelle elle est officiellement déployée au Mali.[3] Si les forces seraient là, pour le gain et intérêt, d’autant plus que la guerre contre les djihadistes. Lors des attaques contre les terroristes, qui pourraient causer de perte de vies humaines «victime collatéral», une partie de la population accuse la force française de frapper les civils.[4] En effet, d’une part, les radios locales qui reçoivent les témoignages des villageois, qui affirment toujours la mort des civils.[5] La dernière frappe aérienne française dans le centre du Mali (Bounty) au cœur d’une polémique.[6] Les autorités communales de la localité affirment la mort de plusieurs civils. Elles affirment que les blessés ont été transportés au district sanitaire de Douentza.[7]

D’une autre part, le gouvernement et l’armée malienne sont accusés de laisser l’opinion publique dans les situations contradictoires, sans information ni assistance adéquate, n’ont eu d’autres alternatives que d’exprimer leur désarroi à travers des manifestations publiques comme des cas récents.[8]

Par contre, l’armée française fait toujours l’annonce sur des frappes. Par exemple, dans la nuit du Dimanche 03 janvier à lundi, des frappes ont été effectuées par un hélicoptère auprès de Bounty dans la commune de Gandamia. Après les frappes, l’armée française annonce la neutralisation des dizaines de combattants djihadistes.[9] Cette fois-ci, les autorités maliennes ne sont pas restées dans le silence sur les évènements, elles assurent que des frappes menées par l’aviation française visaient bien des djihadistes alors que des villageois ont rapporté des victimes civiles au même moment dans le même secteur.[10]

En conclusion, donc, voilà, la complexité de la situation, nous avons les témoignages des villageois aux radios et sur les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Telegram, etc.), avec des vidéos accompagnées par des messages vocaux. Sachant que la grande majorité de la population malienne se réfère aux réseaux sociaux et radios comme sources d’informations.

[1] Entretien (Mady I. KANTE) avec P., Commandant de l’Unité d’Intervention Polyvalente, 13 juin 2018.

[2] Mali : une nouvelle manifestation anti-France à Bamako (aa.com.tr) (https://www.aa.com.tr/fr/afrique/mali-une-nouvelle-manifestation-anti-france-%C3%A0-bamako/1983522#:~:text=La%20manifestation%20a%20%C3%A9t%C3%A9%20organis%C3%A9e,son%20influence%20sur%20le%20Mali. ). Consulté 07-01-2021 à 16:39.

[3] Idem.

[4] Infowakat | Mali : Une vingtaine de civils tués dans la localité de Douentza (https://infowakat.net/mali-une-vingtaine-de-civils-tues-dans-la-localite-de-douentza/ ). Consulté 07-01-2021 à 19:30

[5] Mopti : plusieurs « civils » tués par des frappes aériennes « inconnues » à Bounti – Studio Tamani : Toutes les voix du Mali : articles, journaux et débats en podcast (https://www.studiotamani.org/index.php/themes/politique/25583-mopti-plusieurs-civils-tues-par-des-frappes-aeriennes-a-bounty ). Consulté 07-01-2021 à 22:00

[6] https://www.france24.com/fr/afrique/20210105-mali-la-france-annonce-une-frappe-sur-des-jihadistes-des-villageois-%C3%A9voquent-des-victimes-civiles. Consulté 07-01-2021 à 21:10

[7] Op. Cit., Mopti : plusieurs « civils » tués par des frappes aériennes « inconnues » à Bounti – Studio Tamani : Toutes les voix du Mali : articles, journaux et débats en podcast.

[8] COMMUNIQUÉ DU M5-RFP SUR LES ARRESTATIONS EXTRAJUDICIAIRES ET L’ATTAQUE DU VILLAGE DE BOUNTY (http://bamada.net/mali-communique-du-m5-rfp-sur-les-arrestations-extrajudiciaires-et-lattaque-du-village-de-bounty?fbclid=IwAR0gH7rW-noi_h2wn0J_nrHBnh17thxn6UikQjXzgBJW2EIV0tbUmobc05U ). Consulté 07-01-2021 à 21:19

[9] Mali: Bamako assure que des opérations sujettes à questions visaient des djihadistes (lefigaro.fr), (https://www.lefigaro.fr/flash-actu/mali-bamako-assure-que-des-operations-sujettes-a-questions-visaient-des-djihadistes-20210107 ). Consulté 08-01-2021 à 17:25.

[10] Idem.

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