L’explosion des importations d’armes en Europe : une aubaine pour les États-Unis

Mar 11, 2025 | Europe, Les rapports, politique

Les importations d’armement des pays européens membres de l’OTAN ont plus que doublé ces cinq dernières années, selon un rapport du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) publié le lundi 10 mars.

Les États-Unis se positionnent en tête des fournisseurs, représentant 64 % des livraisons d’armes à l’Europe, contre 52 % lors de la période précédente (2015-2019).

L’étude souligne également que la France a triplé ses exportations vers ses voisins européens, notamment grâce à la vente de chasseurs Rafale à la Grèce et à la Croatie, ainsi qu’à la fourniture d’armes à l’Ukraine.

Une course à l’armement alimentée par la menace russe

Le SIPRI constate une dynamique de réarmement général en Europe, motivée par la perception croissante d’une menace venue de Russie. Entre 2020 et 2024, les importations d’armes des pays européens de l’OTAN ont augmenté de 105 % par rapport à la période 2015-2019.

Dans ce contexte, l’Ukraine est devenue le premier importateur mondial d’armes, tandis que les États-Unis conservent leur statut de premier exportateur mondial, représentant 43 % du marché.

Pieter Wezeman, chercheur principal au programme “Transfert d’armes” du SIPRI, explique que face à une Russie de plus en plus agressive et à des relations transatlantiques mises à l’épreuve sous la première présidence Trump, les pays européens de l’OTAN ont cherché à réduire leur dépendance aux importations d’armes et à renforcer leur industrie de défense. Toutefois, malgré cette volonté d’autonomie, les livraisons d’armes américaines à l’Europe n’ont cessé d’augmenter.

L’Europe, premier marché des États-Unis

La dépendance des États européens aux États-Unis reste forte. Au cours des dernières années, les membres de l’OTAN en Europe ont commandé près de 500 avions de combat et divers systèmes d’armement aux Américains.

La France, cependant, fait figure d’exception et demeure peu dépendante des États-Unis. En revanche, d’autres grandes puissances européennes, comme l’Italie et le Royaume-Uni, continuent d’acheter des avions furtifs F-35 et des systèmes de défense Patriot, dont le remplacement par des alternatives européennes reste complexe.

Les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark apparaissent encore plus dépendants de l’armement américain. Selon Pieter Wezeman, un changement de fournisseur nécessiterait des investissements politiques et financiers considérables, car l’acquisition d’armes est un processus long, souvent supérieur à la durée d’un mandat présidentiel aux États-Unis.

Ainsi, pour la première fois en 20 ans, l’Europe est devenue le premier client des États-Unis, représentant 35 % des exportations américaines sur la période 2020-2024, dépassant même le Proche-Orient (33 %), où l’Arabie saoudite reste le premier acheteur.

La France, deuxième exportateur mondial d’armes

Avec 43 % des exportations mondiales, les États-Unis dominent largement le marché de l’armement, quatre fois plus que le deuxième exportateur, la France. Cette dernière a triplé ses ventes en Europe par rapport à la période précédente, grâce notamment à ses contrats avec la Grèce, la Croatie et l’Ukraine.

L’Inde demeure son premier client, absorbant 28 % des exportations françaises, soit près du double du total des exportations françaises vers l’Europe (15 %).

Déclin des exportations russes

La Russie, autrefois un acteur majeur du marché, occupe désormais la troisième place des exportateurs d’armes. Ses ventes ont chuté de 64 %, une baisse accélérée par l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

Outre ses propres besoins militaires croissants, Moscou subit l’impact des sanctions internationales et la pression des États-Unis et de leurs alliés, qui dissuadent plusieurs pays d’acheter des armes russes.

L’Inde, qui représentait 38 % des exportations russes, se tourne progressivement vers d’autres fournisseurs, tandis que la Chine (17 %) renforce son industrie de défense pour réduire sa dépendance à Moscou.

Le Proche-Orient reste un marché stable

Malgré la guerre à Gaza, les importations d’armes par Israël sont restées stables entre 2015-2019 et 2020-2024, selon le SIPRI.

Share This