L’étrange voyage de Victoria Nuland à Kiev

Fév 5, 2024 | Les rapports, politique

La fin janvier 2024 a été marquée par des spéculations sur l’avenir du commandant en chef des armées après que des sources ukrainiennes ont rapporté que Volodymyr Zelensky avait exigé sa démission, mais que Valery Zaluzhny avait refusé de lui présenter.
Tandis que des sources occidentales prétendaient qu’il serait renvoyé dans un avenir proche… les médias allemands ont précisé que les principaux généraux refusaient d’accepter le renvoi de Valery Zaluzhny, forçant ainsi Volodymyr Zelensky à faire marche arrière pour le moment et à réévaluer ses options.

Dans le même temps, la Secrétaire d’État adjointe par intérim Victoria Nuland, de la s’est rendue à Kiev. Certains pourraient s’interroger à juste titre quant à l’objet de sa visite surprise à Kiev…

C’est ainsi que certains experts estiment que Washington fournirait bientôt à l’Ukraine des bombes planantes lancées du sol à l’instar de Sputnik expliquant ainsi pourquoi elle aurait déclaré que « Poutine va avoir de belles surprises sur le champ de bataille », tandis que d’autres pensent que sa fameuse visite serait liée au drame de la demande de démission refusée.

Quoiqu’il en soit, elle est très probablement venue principalement pour la première raison, mais a également discuté du deuxième problème pendant son séjour.

Les médias occidentaux se retournent contre Volodymyr Zelensky
Bien qu’on ne puisse pas le savoir avec certitude, il est possible de deviner la véritable attitude des États-Unis à l’égard des plans rapportés de Volodymyr Zelensky de renvoyer Valery Zaluzhny en lisant entre les colonnes du New York Times, notamment l’ article: »With Fate of Ukraine’s Top General in Question, All Eyes Turn to Zelensky  » qui décrit par le menu comment son renvoi éventuel serait purement politique et très impopulaire.

Chemin faisant, The New York Times énonce tout de go que : « l’Occident pourrait soutenir le succès rapide d’une mutinerie dirigée par Valery Zaluzhny pour le ‘bien supérieur’.

Étant entendu que le remplacement de Vodymyr Zelensky par Valery Zaluzhny « pourrait conduire à la reprise des pourparlers de paix, à une campagne anti-corruption sincère et à des élections mettant en œuvre le changement d’élites que l’Occident aurait soi-disant souhaité », comme l’a déclaré le président Poutine quelques jours plus tôt.

Enfin,, précise The New York Times ; il y avait aussi « un soupçon de mutinerie dans le récit du New York Times sur la débacle de Krynki » à la mi-décembre 2023, l’observation de laquelle a été étayée dans les colonnes du « Kyiv Post ».

Un soupçon de mutinerie dans l’air L’Intitulé « Les troupes ukrainiennes affirment que l’armée soutient totalement Valery Zaluzhny, les politiciens de Kiev doivent se retirer », il contenait des critiques sévères de Volodymyr Zelensky et concluait de manière des plus surprenantes en citant un espion qui affirmait : « je pense que de tels changements importants (la démission de Valery Zaluzhny) pourraient déclencher une explosion dans l’armée et la société ».

Dans ce contexte, les forces armées n’accusent nullement leur commandant en chef des revers des deux dernières années, souligne volontiers le quotidien des Etats-Unis.

Cela inclut la contre-offensive ratée, dont The New York Times était une fois de plus l’un des premiers grands médias à rapporter cet aspect peu enviable du conflit, ainsi que la conscription sauvagement impopulaire de Volodymyr Zelensky.

À ce titre, « Volodymyr Zelensky ne peut pas esquiver la responsabilité de la montée de la colère publique face à la crise de la conscription en Ukraine », « Le commandant en chef sait mieux que quiconque en Ukraine que la victoire maximale envisagée de son camp sur la Russie est impossible, mais elle est toujours recherchée malgré cela parce que c’est finalement la décision du président de poursuivre ou non le conflit.  » analyse the New York TimesDu reste, l’ordre de Volodymyr Zelensky tenant à renforcer l’ensemble du front au lieu de reprendre les pourparlers  de paix avec la Russie, selon les pressions occidentales signalées et de se conformer unilatéralement à ses concessions de sécurité demandées en défiance de ses parrains, militerait pour l’idée selon laquelle une conscription supplémentaire serait nécessaire.

En réponse à ces tâches militaires imposées contre sa volonté implicite, Valery Zaluzhny aurait probablement informé Volodymyr Zelensky qu’elles ne peuvent être accomplies qu’avec un demi-million de soldats supplémentaires, mais Volodymyr Zelensky aurait malhonnêtement fait croire que son principal rival avait fait cette demande de son propre chef.

Cette déformation de la vérité visait à rediriger semble-t-il la colère publique contre Valery Zaluzhny, même si c’est Volodymyr Zelensky qui serai entièrement responsable de la tentative de perpétuer le conflit pour des raisons politiques égoïstes alors qu’il commence enfin à prendre fin. »
La Russie se prépare à une autre offensive
« la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie à travers l’Ukraine semble toucher à sa fin » observe la presse la presse internationale.
« L’Ukraine se prépare à une possible offensive russe en renforçant l’ensemble du front » après avoir été replacée en position défensive à la suite de ce fiasco, ce qui pourrait entraîner davantage de pertes sur le terrain plus tard cette année si le conflit n’est pas bientôt gelé, risquant ainsi un embarras majeur pour l’Occident. C’est pourquoi « le scénario prévisionnel de Sergueï Naryshkin sur l’Occident remplaçant Volodymyr Zelensky ne devrait pas être rejeté » après que le chef du renseignement étranger de la Russie a prédit début décembre 2023 pourraient bel et bien le remplacer par Valery Zaluzhny.

« Les jeux de pouvoir de l’État profond en Ukraine »

« La destruction de l’IL-76 par un missile Patriot américain pourrait conduire au remplacement de Zaluzhny par Budanov », cependant, après avoir évalué dans cette analyse particulière que la faction des décideurs politiques « libéraux-globalistes » américains qui envisage une « guerre (par procuration) éternelle » avec la Russie aurait pu faire cela pour cette raison.

En bref, on pensait que tuer ces prisonniers de guerre ukrainiens « par accident » (comme cela pourrait éventuellement être interprété) pourrait créer le prétexte pour que Volodymyr Zelensky le remplace par une personnalité politiquement plus fiable avec moins de résistance publique.
Cela préviendrait à son tour les efforts de leurs rivaux relativement plus pragmatiques qui envisagent de geler ce conflit plus tôt que tard, peut-être en remplaçant Volodymyr Zelensky par Valery Zaluzhny afin de rompre le dilemme sur la reprise des pourparlers de paix, afin de « se réorienter (retourner) vers l’Asie ».

Étant entendu que l’impulsion derrière ces plans est de contenir plus vigoureusement la Chine dès que possible après l’avoir jugée beaucoup plus grande menace pour les intérêts stratégiques des États-Unis que la Russie, qui serait contenue en Europe par l’Allemagne.
Même si Volodymyr Zelensky n’est pas remplacé rapidement, il pourrait toujours quitter progressivement la scène politique en créant un « gouvernement d’unité nationale » pour gérer les tensions politiques croissantes, comme le demandait fin décembre 2023 un expert du puissant groupe de réflexion de l’Atlantic Council.

De fait, éliminer Volodymyr Zaluzhny risquerait d’exacerber les tensions qui viennent d’être décrites d’une manière incontrôlable et entraînerait donc un potentiel de répercussions considérable qui pourrait même avoir effrayé certains des libéraux-globalistes les plus fanatiques à l’instar de Victoria Nuland.

Le dilemme de Victoria Nuland

Il ne fait aucun doute qu’elle est l’icône de cette faction politique et se sent personnellement investie dans la « guerre (par procuration) éternelle » que veut mener sa faction à travers l’Ukraine après son rôle dans « EuroMaidan », mais c’est peut-être précisément pourquoi elle ne veut pas risquer que ce projet échoue soudainement.

Se débarrasser de Valery Zaluzhny affaiblirait ses rivaux relativement plus pragmatiques de la faction conservatrice-nationaliste, mais au prix potentiel de faciliter les mêmes scénarios qu’elle veut éviter en premier lieu.

Non seulement une mutinerie militaire pourrait se produire, mais sa montée au pouvoir potentielle pourrait le voir accepter les demandes de garantie de sécurité de la Russie de démilitarisation, de dénazification et de restauration de la neutralité constitutionnelle de l’Ukraine que Moscou exige pour la paix, et avec le soutien public
. Les forces armées et la société civile lui font confiance, il pourrait donc mettre rapidement fin à ce conflit. Ce que les conservateurs-nationalistes veulent pour prioriser la contention de la Chine.

Réévaluer la véritable raison derrière son dernier voyage
Avec cette perspective à l’esprit, le dernier voyage non annoncé de Victoria Nuland à Kiev commence à avoir beaucoup plus de sens.
Bien que le calendrier soit probablement lié aux GLSDB . (La Bombe à Petit Diamètre Lancée au Sol (GLSDB) est une arme développée par Boeing et le groupe Saab pour permettre à la Bombe à Petit Diamètre (SDB) GBU-39 de Boeing, initialement conçue pour être utilisée par des avions, d’être lancée au sol à partir de divers lanceurs et configurations.

Elle associe la SDB avec la fusée M26, ce qui lui permet d’être lancée à partir de systèmes de missiles terrestres tels que le système de lancement multiple de roquettes M270 et le système M142 HIMARS. Elle peut également être tirée depuis son propre conteneur de lancement, lui permettant d’être utilisée depuis la mer), Victoria Nuland, en tant que l’une des principales diplomates américaines, aurait probablement également abordé les spéculations qui circulent à Kiev sur le renvoi imminent de Valery Zaluzhny .

Dans ce contexte, elle aurait pu conseiller à Valery Zelensky de retarder sa décision pendant un certain temps, que ce soit pour laisser pour laisser passer l’orage, voire même construire le faux récit selon lequel Valery Zaluzhny était responsable de la destruction de l’IL-76 en janvier 2024. Pour autant, elle aurait pu lui dire de continuer après lui avoir promis le soutien de sa puissante faction « libérale-globaliste » si les choses se compliquaient et qu’une mutinerie se concrétisait.

On l’aura bien compris, l’avenir de la nouvelle guerre froide se jouera à l’aune de la rivalité « Zelensky-Zaluzhny ».
Soit, les États-Unis resteront embourbés en Ukraine en tentant de contenir la Russie, soit « se réorienteront (retourneront) vers l’Asie » afin de contenir plus vigoureusement la Chine ». Et dans ce contexte la deuxième option est probable. »

Olivier d’Auzon

Mots clés :#Wagner | france | Russie | Ukraine
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