Selon le géo-politologue Andrew Korybko, la Russie a récemment lancé une nouvelle offensive dans la région de Kharkov en Ukraine, après s’être retirée tactiquement de cette zone en septembre 2022. Cette action intervient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky est sur le point de perdre son pouvoir et que des troubles politico-militaires sont prévus pour cet été.
Pour certains observateurs, la Russie chercherait à atteindre cinq objectifs principaux dans le cadre de ce conflit :
1. Créer les conditions pour que la Russie contrôle l’ensemble de ses nouvelles régions. Les gains récents de la Russie dans le Donbass témoignent de la gravité de la crise de conscription et de logistique de l’Ukraine, ce qui permet à Moscou de pousser ses forces à la rupture en ouvrant un nouveau front au moment précis.
2. Contraindre l’Ukraine à démilitariser toutes ses régions résiduelles à l’est du Dniepr. La Russie est peu susceptible de revendiquer des territoires dans les régions résiduelles de l’Ukraine à l’est du Dniepr en raison du coût élevé de la sécurisation, de la reconstruction et de l’intégration durables de ces derniers. Elle demandera probablement plutôt leur démilitarisation en tant que zone tampon en échange de laisser Kiev conserver le contrôle politique.
3. Dissuader l’OTAN de traverser le Dniepr si les forces des États membres interviennent conventionnellement. La Russie ne veut pas que l’OTAN intervienne conventionnellement dans ce conflit, mais si des États membres comme la France et/ou la Pologne le font unilatéralement en cas d’effondrement des lignes de front, Moscou espère que ses nouveaux exercices d’armes nucléaires tactiques dissuaderont ces derniers de traverser le Dniepr.
4. Influencer le processus de changement de régime en Ukraine, potentiellement soutenu par les États-Unis. Le Kremlin ne négociera pas avec Volodymyr Zelensky, Porochenko ou l’une des autres figures ukrainiennes qui viennent d’être placées sur la liste des personnes recherchées par le ministère de l’Intérieur russe, car il les considère comme illégitimes. Les États-Unis ne pourraient pas geler le conflit sans le maintenir au pouvoir.
5. Mettre fin au conflit d’une manière qui garantisse les intérêts de sécurité fondamentaux de la Russie dans la nouvelle réalité. Les objectifs maximalistes de la Russie de démilitariser l’Ukraine, de la dénazifier et de rétablir la neutralité constitutionnelle de ce pays sont peu susceptibles d’être entièrement réalisés compte tenu de la nouvelle réalité de l’OTAN se préparant à une intervention conventionnelle jusqu’au Dniepr afin d’éviter une défaite stratégique dans cette guerre par procuration.
En somme, la nouvelle poussée de la Russie dans la région de Kharkov vise à mettre fin à ce conflit d’ici la fin de l’année dans le meilleur des cas, bien que cela ne puisse évidemment pas être tenu pour acquis compte tenu du brouillard de la guerre et des innombrables variables auxquelles le public n’a pas accès. Les cinq objectifs énumérés ci-dessus résument ce que la Russie cherche à accomplir aujourd’hui après plus de deux ans de guerre par procuration intense avec l’OTAN.
Olivier d’Auzon