En Syrie, un calme apparent dissimule des tensions croissantes entre acteurs régionaux et internationaux. Alors que la Turquie intensifie ses préparatifs militaires à la frontière, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, se retrouvent à un tournant critique. Les États-Unis devront décider : protéger leurs alliés kurdes ou privilégier leurs relations avec la Turquie, risquant ainsi une intervention turque dévastatrice.
Une menace d’offensive turque
Selon le Wall Street Journal, du 17 décembre 2024, la Turquie prépare une nouvelle incursion militaire contre les milices kurdes, qu’elle assimile au PKK, considéré comme une organisation terroriste. Ankara a déployé troupes et artillerie près de Kobané et démantelé une partie du mur frontalier, renforçant les craintes d’un conflit. Les Kurdes avertissent qu’une telle offensive pourrait déplacer plus de 200 000 personnes, y compris des communautés chrétiennes.
Les États-Unis, qui ont stationné 900 soldats dans la région pour contrer l’influence russo-iranienne et protéger les ressources locales, craignent une escalade majeure. Bien que Washington ait prolongé un cessez-le-feu jusqu’au 21 décembre 2024, la situation reste fragile. Le secrétaire d’État Antony Blinken a récemment rencontré le président Erdoğan, appelant à la retenue.
Des propositions pour éviter l’escalade
Mazloum Abdi, chef des FDS, a proposé une zone démilitarisée sous supervision américaine autour de Kobané. Cependant, cette initiative se heurte à l’opposition du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, soutenu par la Turquie, qui rejette tout projet d’autonomie kurde.
Les enjeux géopolitiques
Pour la Turquie, les FDS représentent une menace directe. Pour les États-Unis, soutenir les FDS permettait de limiter l’influence d’Assad et de contenir Ankara. Pourtant, les récentes évolutions, combinées à la fin de l’administration Biden, rendent une confrontation avec la Turquie peu souhaitable.
Deux scénarios possibles
1. Un désengagement progressif : Les États-Unis pourraient favoriser une DMZ (une zone démilitarisée) et accompagner un désarmement des Kurdes, tout en facilitant leur relocalisation sécurisée. Ce choix permettrait de préserver les relations avec Ankara.
2. Une confrontation directe : Washington pourrait défendre fermement les FDS, risquant une crise majeure avec la Turquie. Ce scénario viserait à affirmer l’influence américaine, mais au prix d’un conflit imprévisible.
Des Kurdes souvent abandonnés
Les Kurdes ont été des alliés cruciaux dans la lutte contre Daech, notamment lors de la libération de Raqqa en 2017. Cependant, leur alliance avec Washington s’est limitée à des objectifs militaires, sans soutien durable à leurs aspirations politiques. En 2019, le retrait des troupes américaines a laissé les Kurdes exposés à une offensive turque, les forçant à s’allier à la Russie et au régime syrien.
Cette succession d’abandons révèle une politique américaine dictée par des intérêts globaux, où les alliances locales sont souvent sacrifiées. Les Kurdes syriens demeurent vulnérables, entre le spectre d’une offensive turque et l’absence de garanties internationales solides.