Le Tchad, un pilier majeur de l’influence française en Afrique

Mar 2, 2024 | Afrique, France, Les rapports, politique

Après le retrait des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le Tchad demeure assurément un pilier majeur de la présence militaire française en Afrique, étant le seul dans le Sahel.

Actuellement, Paris n’a pas encore réagi 48 heures après la mort du principal opposant tchadien, survenue à deux mois de l’élection présidentielle lors d’un assaut de l’armée tchadienne à N’Djamena.

En proie à des tensions politiques, le Tchad est un acteur crucial de la présence militaire française en Afrique, étant le dernier bastion de Paris au Sahel suite aux retraits forcés de ses troupes dans les autres pays de la région.

Avec environ un millier de soldats répartis sur trois bases, l’armée française maintient une présence quasi-permanente depuis quarante ans dans cette ancienne colonie, où le principal opposant au chef de la junte au pouvoir a été tué mercredi 28 février 2024, à deux mois de l’élection présidentielle.

Pour l’heure, Paris est resté silencieux sur la mort de Yaya Dillo Djérou, qualifiée d’ « assassinat » par l’opposition. Le ministère des Affaires étrangères a simplement indiqué que la France suivait de près la situation et avait adressé un message de vigilance à ses ressortissants.
Pour autant, on soulignera volontiers, les tensions pour ne pas dire le conflit entre Yaya Dillo Djerou et le régime tchadien, mêlant des éléments politiques et familiaux. Djerou, neveu d’Idriss Déby, a été rebelle puis membre du gouvernement avant de s’opposer publiquement au régime.

Après un affrontement violent en 2021, il cherche à unir l’opposition. Son retour au pays après la mort d’Idriss Déby s’est accompagné d’une tentative de réconciliation. Cependant, sa mort récente lors d’une opération policière souligne les tensions préélectorales au Tchad, où son rôle d’opposant émergeait comme un défi pour le régime en place.

Il n’en demeure pas moins que la disparition violente de Djerou survient à quelques jours du début des dépôts de candidatures pour l’élection présidentielle du 6 mai 2024. Mahamat Idriss Déby, investi en janvier 2024 par son parti comme candidat, n’a pas encore officialisé sa participation au scrutin.

Le Tchad, bordé par le Niger à l’ouest et la Libye au nord, permet à la France de maintenir une présence dans une zone stratégique dont elle a été progressivement évincée.

Entre 2022 et 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont forcé le départ des troupes françaises suite à l’arrivée au pouvoir de juntes militaires hostiles à Paris et peu enclines à poursuivre leur coopération au sein du G5 Sahel, une coalition régionale contre les groupes jihadistes.
Depuis la fin de l’opération anti-djihadiste Barkhane (2014-2022), la France prévoit de réduire drastiquement sa présence militaire en Afrique, et notamment au Tchad, mais Paris n’a pas l’intention de totalement quitter ce pays par crainte de créer un appel d’air.

On soulignera volontiers que dès que la France se retirait d’un pays, il y en avait d’autres qui arrivaient, notamment la Russie. Étant entendu que le Tchad est la « pièce manquante du puzzle » pour l’implantation de Moscou au Sahel.

Fin janvier 2024, Mahamat Idriss Déby Itno s’est d’ailleurs rendu à Moscou pour appeler, aux côtés de Vladimir Poutine, à « renforcer (les) relations » avec la Russie, un « pays frère ».

Selon l’expert, le Tchad reste donc un partenaire que Paris doit ménager même si le soutien à N’Djamena n’est pas sans coût politique.
Le Tchad demeure bel et bien un partenaire majeur pour Paris,.

Pour autant s’agissant du soutien à N’Djamena ,Paris prend le risque d’être accusé d’un deux poids deux mesures ». La France a critiqué les coups d’État au Mali et au Niger tout en posant des conditions qu’elle n’applique pas au Tchad, ce qui pourrait être politiquement délicat.

Olivier d’Auzon

Mots clés :#Sahel | france | Sécurité | Tchad
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