Dr. Mady Ibrahim Kanté
Introduction
Le Mali, qui faisait partie de trois grands empires africains (en Afrique de l’Ouest) qui contrôlaient le commerce à travers le Sahara, à savoir l’empire du Ghana, le Mali et Songhaï.
Le Mali souffrait de crises politiques pendant de longues périodes de l’indépendance à nos jours, et après son indépendance, le pays a subi un système socialiste. En effet, le 19 nov. 1968, un coup d’Etat militaire dirigé par Moussa Traoré renverse Modibo Keïta[1], et met en place un Comité militaire de libération nationale (CMLN)[2], sous le prétexte du mauvais bilan économique du président Keïta, le coup d’État était pour libérer la population de système socialiste, d’ailleurs qui a été bien accueilli par la population. Quant à Moussa Traoré a régné sans partage le pays pendant plus de 22 ans, en cumulant les fonctions de président du CMLN, de chef de l’État et du gouvernement.[3] La deuxième République a été mise en place, qui dura vingt-trois ans, dans laquelle les maliens espéraient avoir la paix la croissance économique, ainsi des changements radicaux dans leur vie. Qui n’ont jamais eu. Car à l’issue de plusieurs soulèvements populaires contre le régime militaire de Moussa Traoré, le 26 mars 1991, un groupe de l’armée dirigé par Amadou Toumani Touré (ATT), a décidé de renverser le Général, deuxième coup d’état militaire a vu les jours. Suite à une transition, Prof. Alpha Oumar Konaré a accédé au pouvoir via les urnes, considéré comme le seul président régulier qui a terminé son mandat présidentiel sans un coup de force militaire. A la fin de ses deux mandats, Konaré a cédé sa place au soldat de la démocratie, Amadou Toumani Touré (de 1991), qui a été aussi à son tour renversé par un certain Amadou Haya Sanogo en mars 2012[4], dès lors, le pays est dans un chao total, non seulement le Nord et le Centre, mais les régions du Sud et Ouest sont toutes dans l’insécurité total, avec des attaques terroristes a Diéma, dans la région de Kayes (Ouest), dans la région de Ségou, etc.
Le Mali et les coups d’Etat
Sachant qu’au Mali, un soldat qui veut grimper les échelons de grade militaire, dans un délai court, sans passer par les réalisations militaire, Il suffit seulement d’essayer un coup d’Etat, qui a 97.5% de garanti de réussir, car des capitaines, des colonels, des commandants etc. autour coopèrent pour grimper aussi sur les grades.
Moussa Traore a mené un coup d’Etat en tant que colonel, puis fini par Général, ATT en 1991 était lieutenant et il est parti en retraite étant Général. Capitaine Amadou Haya Sanogo, renversé ATT en 2012, puis un an après il a été gradé Général cinq étoiles. Après la transition (dirigée par Prof. Dioncounda Traoré), Ibrahim Boubacar Keita, est officiellement élu président du Mali avec 77,61% des voix en 2013,[5] qui est reversé par un coup de force militaire en aout 2020, par un club des colonels sous la présidence du Colonel Assimi Goïta, l’homme fort du pays depuis le coup d’Etat contre IBK.
Évolution des événements au Mali depuis juin 2020
Le 5 juin 2020, la capitale malienne, Bamako a été témoin d’un grand rassemblement de protestations, appelant au départ du président Ibrahim Boubacar Keita. Ces manifestations populaires contre le régime ont été l’occasion pour un groupe d’officiers (colonels) dirigé par un Assimi Goïta, qui a lancé un coup d’État militaire pour renverser le régime d’IBK, le 18 août 2020. Le peuple malien a de nouveau salué le coup d’État, considérant cet événement comme un retour positif à ses protestations.
Après des concertations entre l’armée (Le Comité national pour le salut du peuple – CNSP), les forces politiques et la société civile, par la suite, l’appareil de transition avec ses différentes institutions ont été mis en place. Puis, Mr. Bah N’Daw (colonel à la retraite) a été choisi comme président de la transition – choix de l’armée – et le conseil militaire (CNSP) a essayé de ne pas perdre le contrôle de la situation, pour ce faire, il a donc imposé à mettre le colonel Assimi à la vice-présidence de la transition. – qui pourrait avoir l’autorité suprême dans l’État – les événements actuels ont donné la raison de cela.[6]
Par conséquent, l’autorité de la transition a tenté pendant ces mois, d’apporter la réforme pour les conditions sécuritaires, politiques, économiques et autres, dont souffre le peuple malien depuis plus d’une décennie. Cependant, nous pouvons dire que les conditions sont devenues pires qu’avant, car le pays tout entier souffre actuellement d’insécurité du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Cela ne provient pas des informations reçues, mais plutôt (le chercheur) a voyagé pendant cette période dans tout le pays pour une recherche de terrain. En effet, nous avons remarqué que de nombreuses zones sont sous le contrôle de groupes armés (terroristes, criminels, rebelles, etc.).
Ainsi, on peut dire que le champ de la lutte contre l’insécurité ne reste plus la question importante pour les colonels du putsch, qui justifiaient leur coup d’État par la mauvaise gestion sécuritaire du régime IBKaste, car dans la lutte la position ministérielle qui est préoccupante maintenant. Toutefois, on se demande si le gouvernement de transition aussi a-t-il rempli son rôle comme l’attendait le peuple malien ? On pourrait dire que, ce gouvernement est un gouvernement politique, qui essayait d’imiter le régime précédant (le régime d’Ibrahim Boubacar Keita), le choix pour les postes revient toujours sur la relation (tribal, famille et amitié) sans égard à la compétence ni à la capacité, qui est censé être la base d’un gouvernement de transition (constitution d’une équipe technocrate). La mauvaise gestion qui a mis le pays dans la situation difficile dans laquelle il se trouve aujourd’hui.
Au cours de ces derniers jours, les choses se précipitent, depuis que le président de la transition Bah N’Daw a décidé de dissoudre le gouvernement. Ensuite, il a demandé le Premier ministre, Moctar Ouane de former un nouveau gouvernement – il semble que l’objectif principal de remaniement était d’écarter les putschistes de 2020 -. Cependant, dans la soirée du lundi 24 mai 2021, après l’annonce du nouveau gouvernement dans lequel certains éléments de l’ancien CNSP ont été remplacés, alors le vice-président, le colonel Assimi n’a pas pu avaler cela. Par conséquent, il a décidé d’arrêter le président de la transition, «Bah N’Daw», son premier ministre, «Moctar Ouane», et le nouveau ministre de la Défense, «le général Souleymane Doucouré», et ils ont été emmenés à la caserne militaire de «Kati»[7], qui est 15 kilomètres de la capitale, « Bamako ». Une évolution considérée comme une nouvelle étape dans la fragmentation politique que connaît le Mali depuis 2012. Le processus s’est terminé par un nouveau coup d’État militaire, puis le colonel Assimi est devenu l’homme fort du pays, malgré la médiation de la CEDEAO, qui semble encore perdu le combat en avance. En effet, le Vice-président colonel Goïta a retiré le président et le premier ministre de leur fonction-, puis s’est proclamé en tant que président, qui continuera à assumer la transition.[8]
Pour conclure que, l’Etat est en crise au Mali depuis son indépendance comme il l’est dans la plupart des pays africains. Les dirigeants maliens n’ont jamais pu à mettre en place une gouvernance adéquate et efficace. En ce qui concerne la crise actuelle au Mali, il va falloir de signaler qu’en aout 2020, la junte militaire (CNSP) a mené un coup d’Etat contre le président IBK, par la suite, la Communauté internationale s’est mobilisée derrière la France pour condamner fermement ce coup de force militaire, suivit des sanctions venant de la Communauté internationale, la junte était contrée d’accepter les propositions de la Communauté internationale et la CEDEAO.
Quant aux scenarios de la situation actuelle du Mali, nous pouvons dégager deux scenarios possible, le premier, serait que l’homme fort du pays, Colonel Assimi sera le nouveau président de la transition qui est prêt à travailler avec le M5-RFP mouvement qui était au cœur du soulèvement contre IBK en 2020. Certes, dans ce cas de figure, la Communauté internationale ne restera jamais bras-croisés, cependant, les sanctions tomberont sur la junte, qui entravent la transition, l’organisation des élections serait compliquée. Pour le deuxième scenario, la junte sera en mesure de mener une négociation réussite avec la CEDEAO et la Communauté internationale, donc, elle aura leur soutien, afin d’organiser les élections à temps. Par contre, une autre inquiétude, des confrontations internes, entre le M5-RFP (à la tête du gouvernement) et d’autres forces politiques et religieuses qui ne sont pas d’accord avec l’acte « le coup de force militaire » menée par la junte militaire. Par conséquent, cela aurait des conséquences négatives sur la situation politique au Mali, qui pourraient avoir un impact sur l’organisation des élections, ainsi sur la transition en général.
[1] « Ce jour-là : le 19 novembre 1968, un coup d’État renverse le président malien Modibo Keïta – Jeune Afrique », consulté le 28 mai 2021, https://www.jeuneafrique.com/375154/politique/jour-19-novembre-1968-coup-detat-renverse-president-malien-modibo-keita/.
[2] « LE COMITÉ MILITAIRE DE LIBÉRATION NATIONALE », consulté le 27 mai 2021, https://www.lemonde.fr/archives/article/1968/11/21/le-comite-militaire-de-liberation-nationale_2488970_1819218.html.
[3] « Renversement du président Moussa Traoré au Mali | Événements | Perspective Monde », consulté le 28 mai 2021, https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/783.
[4] « Mali : depuis le coup d’État du 22 mars 2012, un an de micmacs à Bamako – Jeune Afrique », JeuneAfrique.com (blog), 21 mars 2013, https://www.jeuneafrique.com/171713/politique/mali-depuis-le-coup-d-tat-du-22-mars-2012-un-an-de-micmacs-bamako/.
[5] « Ibrahim Boubacar Keïta élu président du Mali avec 77,61% des voix | Reuters », consulté le 28 mai 2021, https://www.reuters.com/article/ofrtp-mali-election-20130815-idFRPAE97E01420130815.
[6] « Bah N’Daw alias “le grand”: qui est le président de la transition du Mali – BBC News Afrique », consulté le 28 mai 2021, https://www.bbc.com/afrique/region-54238658.
[7] « Mali: With Bah N’Daw Resignation, Assimi Goïta Becomes President », The Africa Report.com, 26 mai 2021, https://www.theafricareport.com/92250/mali-with-bah-ndaw-resignation-assimi-goita-becomes-president/.
[8] « Mali : Bah N’Daw démissionne, Assimi Goïta devient président – Jeune Afrique », consulté le 28 mai 2021, https://www.jeuneafrique.com/1178330/politique/mali-bah-ndaw-demissionne-assimi-goita-devient-president/.