Les autorités françaises expriment une vive préoccupation face à la persistance d’une formation connue sous le nom de « brigade des combattants français », toujours active dans le nord-ouest de la Syrie.
Selon les services de renseignement français et syriens, cette brigade compte environ 150 combattants, installés principalement dans la région d’Idlib, où ils ont rejoint divers groupes armés, dont Hayat Tahrir al-Cham (HTS), héritier d’Al-Qaïda.
Ces hommes — pour la plupart venus de France avec leurs passeports — ont intégré des unités multinationales lors du conflit contre le régime syrien. Longtemps, Paris a choisi de minimiser leur présence, mais désormais l’enjeu principal est d’empêcher leur retour sur le sol français, où ils seraient immédiatement arrêtés pour appartenance à une organisation terroriste.
Un groupe fragmenté mais toujours dangereux
Une partie de ces combattants aurait déposé les armes après avoir obtenu certaines garanties de la part de Joulani, chef de HTS. Mais la majorité d’entre eux refuse toute reddition, accusant ce dernier de trahison et de collusion avec les puissances occidentales.
Sous la direction de leur émir, Omar Omsen, la brigade poursuit ses activités, recrutant de nouveaux francophones au nom d’un projet plus vaste : « la libération du monde entier », selon ses propres mots.
Idlib, refuge et bastion
Installés dans la région montagneuse d’Idlib, les membres de la brigade circulent librement, échangeant exclusivement en français.
Beaucoup prétendaient initialement venir « sauver les civils » du régime Assad avant de rejoindre des groupes liés à Daech et Al-Qaïda.
Après la chute du régime, certains ont obtenu des postes locaux, tandis que d’autres ont refusé toute intégration, préférant maintenir une autonomie armée et idéologique.
Promesses non tenues et retour impossible
En décembre 2024, Abou Mohammed al-Joulani, devenu l’homme fort de la Syrie post-Assad, avait promis la naturalisation des combattants étrangers ayant combattu à ses côtés.
Mais selon plusieurs témoignages, ces promesses n’ont jamais été tenues.
Pire, les combattants étrangers ont été sommés de remettre leurs armes, ce qui a nourri la méfiance et la colère au sein du camp francophone.
Aujourd’hui, ils se trouvent piégés : indésirables en France, menacés en Syrie, et considérés par Damas comme une monnaie d’échange diplomatique.
Le procureur antiterroriste français Olivier Christen a d’ailleurs rappelé que tout combattant revenant de Syrie serait immédiatement arrêté — un avertissement clair auquel Omsen a réagi avec provocation :
« Je ne regrette pas la France… la seule chose qui me manque, c’est le fromage français. »
Qui est Omar Omsen ? Le « parrain » des combattants francophones
De son vrai nom Omar Diaby, Omar Omsen est un Français d’origine sénégalaise, ancien délinquant reconverti en idéologue terroriste.
Il dirige la brigade des « Ghuraba » (les Étrangers), basée à Harem, à proximité de la frontière turque — une position stratégique utilisée pour l’entraînement, le refuge et le trafic d’armes.
Considéré par les services occidentaux comme l’un des plus grands recruteurs de terroristes francophones, Omsen a bâti sa réputation sur une habile propagande diffusée via Internet.
Après une jeunesse marquée par la criminalité, il s’est radicalisé à la suite des attentats du 11 septembre 2001, avant de rejoindre la Syrie en 2012.
Dans son camp retranché, il vit entouré de 150 combattants francophones et de leurs familles, sous un régime quasi autarcique.
Ses adeptes le surnomment « l’émir du lieu », et les journalistes français qui ont pu l’approcher le décrivent comme un homme fier, manipulateur et mégalomane, affichant sans gêne son luxe insolent :
« J’ai quatre épouses et une dizaine d’enfants… je dois bien leur offrir une vie décente », confiait-il à France 2.
Omsen contre Joulani : rupture et affrontement
Autrefois allié de Joulani au sein du Front al-Nosra, Omsen est désormais son ennemi déclaré.
Selon des sources syriennes, le Français s’estime trahi après n’avoir reçu ni le poste, ni la nationalité syrienne promis.
Dans une métaphore cinglante, il décrit son ancien allié ainsi :
« Joulani a fait une soupe. Il pensait qu’en mélangeant le doux et l’amer, il obtiendrait un bon plat. Il a échoué. »
Cette rupture a précipité les affrontements récents à Harem, où les forces de sécurité syriennes ont lancé un assaut contre le camp d’Omsen.
Soutenus par des combattants ouzbeks et tchétchènes, les Français ont résisté, provoquant une escalade régionale dans la province d’Idlib
Vers la fin d’un émir ?
Selon plusieurs rapports, les États-Unis et la France exercent une forte pression sur Damas et sur Joulani pour neutraliser Omar Omsen.
Washington aurait même conditionné un allègement partiel des sanctions contre la Syrie à l’élimination de ce dernier et de ses hommes.
Conscient du danger, Omsen vit reclus dans son camp fortifié, entouré de gardes et de barbelés.
Trahi par ses anciens alliés, ciblé par plusieurs puissances, il semble désormais condamné à disparaître.

