La Chine, du bailleur au collecteur : l’effet boomerang de la dette des pays en développement

Mai 28, 2025 | économie, Les rapports

Dans un tournant majeur de la dynamique financière mondiale, une étude publiée par le Lowy Institute, un centre de recherche australien, révèle que les pays en développement vont rembourser à la Chine des montants record en 2025, annonçant ainsi une nouvelle phase où Pékin passe du rôle de créancier expansif à celui de collecteur dominant de dettes.

Un chiffre inédit : 22 milliards de dollars dus en 2025

Selon cette étude intitulée « Peak Repayment », 75 des pays les plus pauvres du monde devront rembourser à la Chine 22 milliards de dollars en 2025. Ce montant représente environ deux tiers des paiements bilatéraux totaux dus à l’étranger par ces pays.

Ce niveau de remboursement est qualifié par l’étude de « raz-de-marée » d’intérêts qui pèsera lourdement sur les finances publiques de nombreux États déjà fragilisés.

Un changement de rôle pour la Chine

Depuis le lancement de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie en 2013, la Chine a prêté des centaines de milliards de dollars à travers le monde pour financer des infrastructures (ports, routes, chemins de fer, centrales électriques). Mais en 2025, la Chine devient pour la première fois un collecteur net de dettes : elle recevra plus de paiements qu’elle n’accordera de nouveaux prêts.

Ce basculement est porteur de conséquences politiques et économiques majeures pour les relations Sud-Sud.

Des conséquences sociales directes

L’étude met en lumière une augmentation de 33 % des charges d’intérêts sur la dette au cours de la dernière décennie dans les pays concernés.

Conséquence : des budgets nationaux détournés de secteurs clés comme la santé, l’éducation et la transition énergétique pour honorer des échéances devenues écrasantes.

Les pays les plus exposés L’étude cite notamment :

 • En Afrique subsaharienne : Zambie, Éthiopie, Kenya, République Démocratique du Congo (RDC).

 • En Asie centrale et du Sud : Pakistan, Kazakhstan, Mongolie.

La plupart de ces pays ont reçu des financements chinois en échange de garanties adossées à des ressources naturelles stratégiques comme le pétrole, la bauxite ou le cobalt.

Une stratégie chinoise critiquée

De nombreux analystes dénoncent un piège de la dette mis en place par Pékin, avec :

 • Des contrats opaques,

 • Peu de mécanismes de restructuration,

 • Et des risques croissants de perte de souveraineté économique en cas de défaut.

L’exemple du port de Hambantota au Sri Lanka, cédé à une entreprise chinoise pour 99 ans en raison d’un défaut de paiement, reste emblématique.

vers une crise de la dette mondiale ?

L’étude du Lowy Institute alerte sur un tournant critique dans les relations financières internationales.

Alors que les économies du Sud font face à des défis multiples – inflation, changement climatique, instabilité politique – la pression de la dette vis-à-vis de la Chine risque de freiner lourdement leur développement.

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