CFRP – L’organisation terroriste Daech a accordé un intérêt particulier à la guerre russo-ukrainienne qui se déroule en plein cœur de l’Europe. L’hebdomadaire, Al-Naba, un relais médiatique de Daech, a consacré un éditorial à cette guerre qui s’est déclenchée fin février 2022, la qualifiant de guerre « Chrétiens Vs Chrétiens »
Par ailleurs, les répercussions de l’assassinat du chef de l’organisation, Abou Ibrahim al-Hashimi al-Qurashi, lors d’un raid américain au début du même mois, sont toujours de mise sur l’organigramme de Daech.
Profiter de la crise
Incontestablement, Daech tente actuellement de se servir de la préoccupation des puissances internationales par la guerre en Ukraine pour se représenter comme un acteur influent sur la scène internationale prônant la paix et la sécurité. Ceci intervient, d’autant plus que la lecture faite par Daech de la situation internationale induite par les résultats et les répercussions de ce conflit armé à grande échelle en Europe estime fait état d’une division de la coalition internationale de lutte contre Daech menée par les États-Unis et un front d’usure pour la Russie, qui est intervenue en Syrie en 2015 contre Daech et d’autres organisations terroristes.
Les conditions sécuritaires exceptionnelles en Europe au Moyen Orient résultant de la guerre russo-ukrainienne peuvent créer un nouveau refuge et un foyer pour les terroristes non seulement en Ukraine, mais aussi dans les pays qui ont accueilli des milliers de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre.
Les conditions sécuritaires induites par la réduction par les États-Unis de leur présence militaire en Irak et en Syrie, ainsi que de la réduction de la présence militaire russe en Syrie et de la baisse des bombardements et de la surveillance aérienne des avions de la Russie russes préoccupée par les répercussions de la guerre russo-ukrainienne ont offert une occasion en or à Daech. Dans ce sillage, Daech a annoncé, par la voix de son porte-parole, Abou Omar Al-Muhajir dans un enregistrement sur « Telegram », une invasion «vengeance pour les deux cheikhs », faisant illusion à son ancien dirigeant (Abu Ibrahim Al-Hashimi Al-Qurashi) et son ancien porte-parole (Abu Hamza Al-Qurashi), appelant les partisans de l’organisation à saisir « l’opportunité et ces circonstances».
L’Europe est maintenant sur une plaque chauffante », faisant référence à la guerre en Ukraine, pour reprendre les opérations terroristes en Europe. Alors que l’activité de Daech s’est intensifiée dans ses zones au Moyen-Orient (États d’Irak et de Syrie), en Afghanistan (province de Khorasan), au Nigeria et au Mali (État d’Afrique de l’Ouest) mais aussi dans les pays d’Asie centrale pour menacer la sécurité de la Russie. Moscou a annoncé quelques jours après le début de la guerre un attentat terroriste avoir déjoué dans la province de Kalouga, dont l’auteur était originaire d’un pays d’Asie centrale.
L’Ukraine, une opportunité pour la renaissance du « terrorisme »
La poursuite du conflit armé en Ukraine et la préoccupation des puissances internationales par ce conflit donne une occasion en or pour la renaissance du « terrorisme» en Europe, après les coups qu’il a reçus ces dernières années de la part de la coalition internationale de lutte contre le terrorisme. Les conditions de la guerre russo-ukrainienne peuvent constituer une opportunité pour les éléments terroristes (ISIS, Al-Qaïda et autres), de se déplacer en Europe par la porte de l’Ukraine et de recruter davantage d’éléments porteurs d’hostilité (à l’Occident), d’autant plus que les organisations «terroristes » comptent de nombreux combattants russes et géorgiens, des Tchétchènes, et des républiques russophones d’Asie centrale.
Il convient de noter qu’un rapport du Parlement européen publié à l’été 2015 avait mis en garde contre la présence de combattants de Daech et de cellules intégristes dans les zones contestées entre la Russie et l’Ukraine, selon le journal américain « New York Times » dans une enquête sur la présence d’une « force tchétchène de Volontaires sympathisants de Daech dans des zones disputées par les séparatistes russes et les forces ukrainiennes.
Se servir des mouvements terroristes
Il semble que les parties à la guerre russo-ukrainienne tentent d’exploiter les mouvements terroristes et de les impliquer directement et indirectement dans ce conflit. Les Russes, pour leur part, n’ont pas tardé à impliquer dans la guerre contre l’Ukraine la brigade « L’Emir de guerre » tchétchène (Ramzan Kadyrov), à la réputation de combat « effrayante ».
Dans leur propagande, les médias russes relayent des rapports de renseignement selon lesquels la CIA et le commandement des opérations spéciales des forces armées américaines continuent de former de « nouvelles unités de Daech» au Moyen-Orient et dans les pays africains, et qu’ils devraient être transférés pour participer à des sabotages et activités terroristes en Ukraine à travers le territoire de la Pologne.
Le Commandement central américain du renseignement et des opérations spéciales avait déjà formé en 2014 un « bataillon international de maintien de la paix », composé de volontaires pour soutenir l’Ukraine dans la lutte contre l’insurrection pro-russe. Le bataillon portait le nom du commandant Dzhokhar Dudayev, et composé de 500 volontaires sous le commandement de l’officier tchétchène (Adam Asmayev), que Moscou a tenté de l’assassiner et a tué sa femme lors d’une opération spéciale.
Les Ukrainiens tentent d’engager le bataillon (Adam Asmayev) et le groupe tchétchène (Johar Dudayev) contre la brigade Ramzan Kadyrov, soutenue par la Russie. Il convient de noter que la carte de déploiement des groupes et factions terroristes d’Asie centrale et de la Syrie peut fournir aux parties soutenant les Ukrainiens l’occasion d’attirer nombre de mouvements « terroristes» connus pour être hostiles à la Russie, de participer à la guerre en Ukraine contre les Russes, comme la faction des « Soldats du Levant» dirigée par (Murad Margoshvili), surnommé (Muslim Chichani Abu Al-Walid), stationné avec sa faction dans la campagne de Lattaquié. Ils ont des relations avec la communauté tchétchène en Autriche et dans d’autres pays européens, ainsi qu’avec l’armée des « Mouhadjirine » et « El-Ansar ».
Il s’agit de la base réelle des combattants tchétchènes, dont la plupart viennent du Caucase, en plus du reste des mouvements terroristes, de l’organisation (Saleh al-Din al-Shishani) et de l’organisation (Saif Allah al-Shishani), tué lors d’une tentative de prise d’assaut de la prison d’Alep. Outre l’organisation (Ajnad al-Qawqaz), dirigée par (Abdul Hakim al-Shishani), qui est principalement active dans la campagne du nord de Lattaquié.
Il est très probable que Daech transfère des éléments de sa formation de combat ouzbèke (Ansar al-Imam al-Bukhari) sur le terrain de guerre en Ukraine. Quant à l’organisation Al-Qaïda qui dispose de la (Brigade ouzbèke du Tawhid et du Jihad), elle peut aussi engager » dans la guerre en Ukraine. Il convient de noter que la « Brigade Tatare de Crimée », dirigée par Issa Akayev, avait déjà été impliquée dans la guerre russo-ukrainienne et a pu récupérer le village stratégique de Motygin, situé au sud de la ville de Makarev, à l’ouest de la capitale, Kiev, avec le soutien de l’armée ukrainienne.
Conclusion
Malgré que les parties au conflit actuel en Ukraine n’aient pas officiellement annoncé l’implication de Daech et d’Al-Qaïda ou de l’un des groupes « terroristes » dans la guerre russo-ukrainienne, les déclarations et communiqués publiés par les dirigeants de ces groupes, ainsi que des appels des deux côtés aux troupes russes et ukrainiennes pour former une armée de volontaires pour combattre aux côtés de chaque camp dans la guerre, révèlent la possibilité d’une implication probable de ces derniers. La possibilité d’une implication de Daech et d’Al-Qaïda ou de l’un des groupes « terroristes » dans la guerre russo-ukrainienne est très probable, sur fond de la poursuite de la guerre qui offre un environnement sécuritaire propice pour l’activité et l’infiltration des groupes terroristes en Europe.