« Golden Fleet » : la nouvelle arme navale de Trump pour redessiner les mers

Oct 27, 2025 | Les rapports

Analyse des objectifs, des enjeux industriels et des implications géostratégiques

Le président américain Donald Trump a relancé en 2025 une ambitieuse initiative navale baptisée « Golden Fleet », destinée à remodeler la flotte de surface américaine.

Cette démarche s’inscrit dans un contexte de rivalité stratégique avec la Chine, dont la marine connaît une croissance rapide.

L’objectif affiché est de renforcer la domination maritime des États-Unis grâce à des bâtiments plus puissants, plus autonomes et technologiquement avancés.

Le projet « Golden Fleet » succède à d’autres programmes symboliques de la présidence Trump, tels que le système antimissile “Golden Dome” ou le programme d’immigration “Gold Card”, mais il représente, sur le plan militaire, une transformation structurelle majeure de la flotte américaine.

Objectifs et doctrine du projet

Finalité stratégique

 • Garantir la supériorité maritime à long terme dans les zones contestées du Pacifique.

 • Contrecarrer les stratégies A2/AD (Anti-Access/Area Denial) mises en œuvre par la Chine.

 • Recentrer la flotte sur la puissance de feu à longue portée et sur l’intégration massive de systèmes autonomes.

Logique doctrinale

La « Golden Fleet » repose sur une architecture dite « en haltère », combinant :

 • Des navires géants, lourdement armés et capables d’emporter des missiles hypersoniques.

 • Des corvettes et plateformes légères, rapides et modulaires ;

 • Une flotte de systèmes autonomes (surface, sous-marins et aériens) agissant comme renfort tactique et force de saturation.

Cette approche s’accorde avec le concept stratégique « Hellscape », consistant à déployer un grand nombre de drones pour saturer les zones de combat, notamment en cas d’invasion chinoise de Taïwan.

Composition prévue de la flotte

Les grands bâtiments de surface

 • Déplacement estimé : entre 15 000 et 20 000 tonnes.

 • Caractéristiques : blindage renforcé, systèmes radar avancés, armement de missiles longue portée et hypersoniques.

 • Rôle : garantir la projection de puissance et la supériorité de frappe sur longue distance.

Les corvettes et navires légers

 • Conçus pour la vitesse de déploiement, la modularité et les opérations littorales.

 • Possibilité d’adaptation de modèles existants produits par des chantiers partenaires étrangers.

Les systèmes non habités

 • Navires et drones autonomes, de surface et sous-marins, intégrés à la flotte habitée.

 • Missions : reconnaissance, guerre électronique, frappe, logistique.

 • Objectif global : constituer une flotte d’environ 280 à 300 navires habités, complétée par une large composante sans équipage.

Calendrier prévisionnel et faisabilité

Le projet est actuellement en phase de conception.

 • La mise au point d’un grand bâtiment pourrait nécessiter 10 à 12 ans, entre la conception et la livraison.

 • Les navires plus légers, comme les corvettes, pourraient être produits en 2 à 3 ans, notamment via des partenariats industriels internationaux.

 • Le programme vise à être progressif, avec des livraisons étalées sur plusieurs cycles budgétaires.

Enjeux industriels et budgétaires

Capacité industrielle

Le succès du projet dépend de la capacité des États-Unis à :

 • Moderniser leurs chantiers navals ;

 • Recruter et former une main-d’œuvre qualifiée ;

 • Réduire les retards accumulés dans la maintenance de la flotte actuelle.

Coûts estimés

 • Le coût d’un grand bâtiment pourrait s’élever à plusieurs milliards de dollars, selon les technologies embarquées.

 • Les corvettes et systèmes autonomes permettraient de répondre plus rapidement aux besoins opérationnels, avec un coût bien moindre.

Financement durable

La réussite de la « Golden Fleet » exige un financement continu et une politique de maintenance renforcée.

Une approche fragmentée risquerait d’engendrer des retards et de compromettre la modernisation globale de la flotte.

Points de controverse et critiques

 • Pertinence tactique : certains experts estiment que les très grands navires seraient vulnérables dans un contexte de guerre saturé en missiles.

 • Risque politique : l’implication personnelle du président Trump pourrait conduire à des décisions plus symboliques que stratégiques.

 • Contraintes budgétaires : le coût total du programme pourrait peser lourdement sur le budget de la défense, déjà sollicité par les projets nucléaires et les porte-avions.

 • Complexité industrielle : la reconstruction d’une flotte aussi ambitieuse nécessitera une coordination accrue entre les chantiers navals américains et leurs sous-traitants.

  1. Implications géostratégiques

 • Le programme « Golden Fleet » vise à rétablir la domination maritime américaine face à la Chine, la Russie et d’autres puissances régionales.

 • Il contribuerait à réindustrialiser la défense navale et à redonner à la marine américaine un rôle central dans la projection de puissance mondiale.

 • En cas de mise en œuvre complète, la « Golden Fleet » pourrait redéfinir l’équilibre naval mondial à l’horizon 2035–2040.

 • Toutefois, son succès dépendra du soutien du Congrès, de la stabilité budgétaire et de la capacité technologique réelle à produire de tels bâtiments.

Le projet « Golden Fleet » incarne une ambition à la fois politique, stratégique et symbolique : celle de restaurer la suprématie navale des États-Unis dans un monde multipolaire où la Chine s’affirme comme un rival maritime majeur.

S’il traduit la volonté de Donald Trump de laisser son empreinte dans l’histoire militaire américaine, il soulève aussi des interrogations sur sa faisabilité industrielle, son coût colossal, et sa cohérence stratégique face aux réalités des conflits modernes.

La « flotte dorée » pourrait marquer le retour d’une ère de grandeur maritime américaine — ou rester un symbole d’ambition inachevée, suspendue entre nostalgie des cuirassés d’hier et défis technologiques de demain.

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