Etat islamique & Al-Qaïda en Afrique : Le continent africain est-elle une destination préférée pour les terroristes ?

Avr 12, 2021 | Afrique, Les rapports

Dr. Mady Ibrahim Kanté

Depuis son indépendance, le continent africain subit des guerres civiles sanglantes. Certes, cela qui a entrainé une instabilité sécuritaire et politique en Afrique. Par conséquent, des nombreuses autorités des pays africains n’ont pas été en mesure d’imposer leur contrôle sur la totalité de leurs frontières, ainsi les régions lointaines du pouvoir central sont devenues les terrains d’activité criminelle. Notamment les groupes jihadistes, qui trouvent l’environnement propice pour délocalisation d’Etat islamique vers le continent africain. La ressource naturelle ainsi humaine, est une opportunité pour les extrémistes.

Le continent africain est confronté à des problèmes, le sous-développement depuis l’indépendance, qui règne sur le continent, cela a conduit l’ingérence des forces étrangères sur le continent. Les terroristes et criminels s’y dirigent aussi, dès qu’ils perdent la guerre. Il faut noter que, les problèmes africains ne viennent pas seulement de l’extérieur, par contre, la source de certains problèmes viennent des africains-mêmes. Les gouverneurs ne parvenaient pas à diriger leurs peuples sur la gouvernance adéquate, qui pourrait empêcher l’échec totale. Par conséquent, les défis auxquels de nombreux pays africains étaient confrontés n’étaient ni apparents ni perceptibles. Par exemple, le cas de rébellion au Mali (mouvements armés contre le gouvernement central dans le nord du pays, au Centre, un conflit intercommunautaire a été déclenché suite une intervention militaire contre les jihadistes en 2013), en Somalie des islamistes se soulèvent contre le régime et au Soudan, le Sud contre le Nord, ce qui a conduit à la sécession et au déclenchement de la guerre entre les sudistes eux-mêmes.

Les peuples africains sont confrontés aux conséquences directes d’une formation géographique et socioculturelle qui n’a pas été bien pensée par les dirigeants africains lors de l’indépendance. Par conséquent, ces conditions ont abouti à l’imposition continue du contrôle des groupes terroristes sur les zones no man’s land du continent africain, et à la tentative d’expansion jour après jour, du Nord du continent à l’Est, en passant par l’Ouest et le Centre.

Les combattants terroristes étrangers (Foreign terrorist fighters)

Lorsqu’Al-Qaïda s’est affaibli au Pakistan et en Afghanistan à la fin de 2012, il prédit le mouvement de réseaux terroristes vers d’autres parties du monde. Des factions d’Al-Qaïda sont apparues dans les pays africains, en particulier en Somalie, au Mali et au Nigéria, en plus de l’Afrique du Nord. Les observateurs estiment que l’Afrique devint la terre de la troisième génération des groupes terroristes du Moyen-Orient (Al-Qaïda et EI), de sorte qu’une « nouvelle Syrie/Irak » a été créé en Mozambique, en effet, toute l’Afrique de l’Est sera menacée.

L’Afrique souffre de la crise persistante du terrorisme et crime transnational organisé depuis des années, les pays sont faibles au niveau militaire et capacité pour y faire face, de ce fait, l’existence de certains pays du continent est menacée. La question liée aux crimes organisés en Afrique n’est nullement une préoccupation récente. Il répond depuis les premières époques des indépendances des pays africains. Les combattants terroristes étrangers, viennent mettre les bâtons dans les roues, qui entravent toutes les initiatives du développement. En effet, depuis le retour des Afghan-arabes (les Arabes combattaient auprès des talibans et Al-Qaïda contre l’URSS en Afghanistan) et la création d’AQMI, qui a eu de nombreuses années pour développer des liens familiaux solidaires avec les populations locales du continent notamment au Nord et Sahel, pour pénétrer le tissu social à travers des réalisations et échanges économiques. Qui servirait les groupes terroristes après, qui ont favorisé l’intégration des populations locales au sein des groupes[1] et qu’elles soient convaincues de l’idéologie jihadiste. Par conséquent, l’AQMI et bien d’autres groupes terroristes mènent leurs activités sans opposition des populations locales. Car, il s’agit aussi que, ces populations locales étaient dans la pauvreté extrême, abandonnée par les Etats, qui étaient prêtes à accepter tout offre sans vérification des conséquences.

La présence d’Al-Qaïda en Afrique : En Afrique du Nord et de l’Ouest se trouvent avec plus de cinq groupes terroristes liés à Al-Qaïda. De Boko Haram au Nigéria et Al-Qaïda au Maghreb islamique au Nord du Sahara, Al-Mourabitoune, Ansar Dine, et Katiba Macina, etc. au Mali. Ils sont tous dans la même dynamique d’Al-Qaïda. Quant en Afrique de l’Est Al-Shabab Al-Moudjahidine somalien, qui mène des actes terroristes en dans la région. En effet, tous ces groupes, dirigés par des dissidents d’Al-Qaïda. Selon les analystes, de nombreux pays où les factions d’Al-Qaïda ne sont qu’un moyen et non une fin pour Al-Qaïda. Quant au but ultime, c’est de contrôler le « réservoir mondial d’énergie » qui est une guerre contre l’Occident, et ce ne peut se faire qu’avec un contrôle total sur la vaste région.

L’imposition de l’État islamique sur le continent africain

A son tour, l’État islamique, est un mouvement terroriste d’idéologie salafiste et jihadiste. Le 29 juin 2014, par la voix de son chef Abou Bakr Al-Baghdadi, elle annonçait le rétablissement d’un califat dans les territoires sous son contrôle, en Syrie et en Irak[2]. Depuis qu’il a perdu son fief syrien de Raqqa en octobre 2017, la multinationale du terrorisme a évité la faillite. Loin de la Syrie et de l’Irak où l’EI se relève, c’est sur l’Afrique qu’il mise en place sa stratégie d’installation et l’organisation des activités. Les filiales du groupe Etat islamique s’imposent sur le continent africain pour relancer le djihad. Elles terrorisent des territoires sahariens depuis 2017 et montent en force.[3] Cependant, certains groupes terroristes en Afrique lui ont fait allégeance.

Dans le grand Sahara, une organisation militaire et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, née le 15 mai 2015 d’une scission d’Al-Mourabitoune provoquée par l’allégeance d’un de ses commandants, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, à l’État islamique deux jours auparavant. Abou Bakr Al-Baghdadi, « calife » de l’État islamique, reconnaît officiellement cette allégeance le 30 octobre 2016, comme L’État islamique dans le Grand Sahara. En effet, ce groupe (ÉIGS) n’est pas uniquement un groupe terroriste. Mais, c’est un mélange de banditisme, de djihadisme, et même d’administration locale, qui voit que le terrorisme est un business[4].

Quant en zone du grand lac et en Afrique de l’Est, des groupes armés affiliés à l’Etat islamique, comme les Forces démocratiques alliées (ADF) en RDC, les Al-Shabab somaliens, Mouvement jihadiste (Ansar al-Sunna) en Mozambique, etc., ont prêté allégeance à l’Etat islamique. D’après M. Godfrey, l’Ansar Al-Sunna de Mozambique, « aurait tué près de 1 200 civils », ainsi « 2 000 victimes civiles et jusqu’à 670 000 déplacés internes » dans la région de Cabo Delgado (nord-est), frontalière de la Tanzanie. Le responsable américain a rappelé que le défunt chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, avait encouragé ses groupes affiliés à conduire des attaques : « Nulle part ailleurs cette tendance n’a été aussi alarmante qu’en Afrique », selon lui.[5]

L’EI en Mozambique, Après plusieurs attaques, les djihadistes Al-shebabs, affiliés à l’Etat islamique, se sont emparés du port gazier de Mocimboa da Praia dans le nord du pays[6]. En effet, les attaques terroristes continuent, la dernière, a été menée le mercredi 23 mars passé, par les Al-Shabab contre la ville de Palma, presque toute la ville entière est tombée aux mains des jihadistes après trois jours de combats. En effet, cela est considéré comme un combat gagné par l’EI, qui a finalement revendiqué le 29 mars 2021 l’attaque perpétrée contre la ville de Palma. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’une attaque stratégique. Car la ville de Palma est très stratégique, aussi le projet énergétique mozambicain est à proximité de cette ville. Où il y a une grande réserve de gaz.[7]

Nous pourrions conclure qu’, un défi sécuritaire de plus s’ajoute sur le continent africain, cela nous pousse à se demander si l’Afrique remplace-t-elle le Moyen-Orient comme nouveau champ de bataille djihadiste ? Selon l’Index de Terrorisme mondial (« Global Terrorism Index ») publié le 25 novembre 2020, le « centre de gravité » du groupe de l’État islamique s’est déplacé du Moyen-Orient vers l’Afrique et, dans une certaine mesure, l’Asie du Sud, le nombre total de morts victimes de l’État islamique en Afrique subsaharienne ayant augmenté de 67 % par rapport à l’année dernière[8]. Par conséquent, les Etats africains, qui n’arrivent pas à sécuriser leur territoire, ni à survenir aux besoins de leur population – à cause de l’injustice sociale -, auront des difficultés pour faire face à l’Etat islamique, ainsi qu’Al-Qaïda qui menacent le monde.

[1]http://www.maliweb.net/la-situation-politique-et-securitaire-au-nord/guerre-au-mali-depuis-2012-le-vrai-bilan-humain-1100652.html  Mis à jour le 11 Août 2015.

[2] « État islamique dans le Grand Sahara », in Wikipédia, 26 mars 2021, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89tat_islamique_dans_le_Grand_Sahara&oldid=181259487.

[3] « Terrorisme: pourquoi les filiales de l’Etat islamique… », consulté le 9 avril 2021, https://www.lenouvelliste.ch/articles/monde/terrorisme-pourquoi-les-filiales-de-l-etat-islamique-s-imposent-en-afrique-1061147.

[4] « Tout savoir sur État islamique – Jeune Afrique », JeuneAfrique.com, consulté le 8 avril 2021, https://www.jeuneafrique.com/tags/daesh/.

[5] « En RDC et au Mozambique, des groupes armés affiliés à l’Etat islamique, selon Washington », Le Monde.fr, 12 mars 2021, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/03/12/en-rdc-et-au-mozambique-des-groupes-armes-affilies-a-l-etat-islamique-selon-washington_6072861_3212.html.

[6] Deutsche Welle (www.dw.com), « Les jihadistes shebabs marquent des points au Mozambique | DW | 13.08.2020 », DW.COM, consulté le 9 avril 2021, https://www.dw.com/fr/les-jihadistes-shebabs-marquent-des-points-au-mozambique/a-54559947.

[7] Deutsche Welle (www.dw.com), « L’Etat islamique revendique une attaque au Mozambique | DW | 29.03.2021 », DW.COM, consulté le 8 avril 2021, https://www.dw.com/fr/letat-islamique-revendique-une-attaque-au-mozambique/a-57042933.

[8] « L’Afrique remplace-t-elle le Moyen-Orient comme nouveau champ de bataille djihadiste ? », BBC News Afrique, 6 décembre 2020, https://www.bbc.com/afrique/monde-55210055.

Mots clés :Afrique | Al QAIDA | Daech | Sécurité
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