Des drones américains pour freiner l’avancée des terroristes sur la Côte Ouest de l’Afrique

Jan 7, 2024 | Afrique, Les rapports, politique

Les États-Unis cherchent à déployer de toute urgence, des drones militaires le long de la côte ouest-africaine afin de stopper la propagation d’Al-Qaïda et de Daech dans la région.

Par ailleurs, des discussions préliminaires sont en cours afin de permettre à des drones de reconnaissance américains non armés d’utiliser des aérodromes au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Bénin, des pays situés sur l’océan Atlantique, révèle Michael M. Phillip dans les colonnes du Wall Street Journal, le 3 janvier 2024 dans son article intitulé : ‘’U.S. Seeks Drone Bases in Coastal West Africa to Stem Islamist Advance’’.
Qu’on y songe, l’Afrique dans son ensemble : de la Somalie au Mozambique en passant par la République démocratique du Congo et le Sahel, est bel et bien dorénavant l’épicentre mondial de la violence terroriste.

Les commandants militaires américains et africains voient la plus grande menace en Afrique de l’Ouest venir de Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin, ou JNIM, un groupe affilié à Al-Qaïda responsable de la plupart des attentats récents.
Parmi les États côtiers, le Bénin, un vaste espace s’étendant du golfe de Guinée aux frontières poreuses du Burkina Faso et du Niger, a été touché par la violence terroriste.

Au cours des neuf premiers mois de 2023, 120 personnes ont été tuées lors de 114 attaques de militants et d’autres incidents violents au Bénin, contre 72 incidents en 2022 et cinq en 2021, selon le Centre africain d’études stratégiques du Pentagone, qui a analysé les chiffres collectés par le projet de données sur les conflits armés et les événements (Acled), un service de surveillance à but non lucratif basé aux États-Unis.
Quant aux attaques terroristes au Togo voisin ? Il s’agit notamment d’embuscade, de pièges explosifs et d’affrontements entre militants et forces de sécurité. Au total 31 morts, dont 11 civils, au cours des onze premiers mois de 2023, selon le gouvernement togolais.
La Côte d’Ivoire a subi quant à elle : 16 attaques depuis 2020, mais aucune n’est à déplorer au cours des neuf premiers mois de 2023, selon Acled.

Le Ghana n’a pas encore été touché par une attaque de militants terroristes, mais le gouvernement a signalé la découverte de cellules terroriste à l’intérieur du pays. Le niveau de violence sur la côte est bien inférieur à celui des pays centraux du Sahel.
Mais les responsables américains et locaux craignent que les groupes militants terroriste n’aspirent à étendre leur influence vers le sud, dans des pays producteurs d’or et de cacao.
« Les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest, qui étaient autrefois épargnés par le terrorisme, ne le sont plus », a déclaré un responsable militaire américain.

Quoi qu’il en soit, la situation s’est très vite compliquée à la suite de la vague de coups d’État militaires au Sahel.
Pour mémoire, des officiers militaires maliens ont renversé le président civil en août 2020, puis son successeur en mai suivant. Le dirigeant militaire du Burkina Faso, arrivé au pouvoir lors d’une insurrection en janvier 2022, a lui-même été renversé lors d’un second coup seulement huit mois plus tard…

Tous les trois régimes militaires : Mali, Burkina et Niger ont ordonné le retrait des forces françaises. Ces dernières étaient responsables de la réponse militaire de l’Occident dans la région.
Dans le même temps, les Putschistes du Mali ont engagé des mercenaires russes du groupe Wagner pour aider à assurer la sécurité, et le Niger et le Burkina Faso ont récemment engagé des discussions sur une coopération militaire plus étroite avec les responsables russes.
Quant au Niger ? Il était la pierre angulaire de cette approche tactique utilisant les drones.

A ce titre, les États-Unis ont investi dans une base de 110 millions de dollars à Agadez et y ont stationné environ 1 100 soldats pour former des commandos locaux et fournir une surveillance et une intelligence en temps réel lors des opérations de contre-terrorisme de l’armée nigérienne.
Des drones américains du Niger survolaient le Bénin pour fournir des renseignements sur le champ de bataille à l’armée de ce pays, qui n’avait jamais fait la guerre.
Pour l’heure, le Commandement africain des États-Unis a réduit sa présence à environ 650 soldats, selon un rapport de la Maison-Blanche au Congrès.

Les drones d’Agadez assurent désormais la sécurité des forces américaines restantes. « Le coup d’État au Niger nous a forcés à agir », a déclaré Hicks, l’ancien chef des troupes américaines d’opérations spéciales en Afrique.

Compte tenu de l’avancée des terroristes sur la Côte Ouest Africaine, Washington a suggéré de baser des drones à la base aérienne de Tamale au Ghana, à portée de la frontière avec le Burkina Faso, selon des responsables américains et africains.
Trois aérodromes en Côte d’Ivoire sont en discussion, selon un responsable américain du renseignement.

Au Bénin, Washington a l’intention de s’installer à Parakou, une ville suffisamment éloignée de la frontière avec le Burkina Faso pour constituer une zone tampon contre les attaques terrestres des militants, mais toujours à portée du nord qui demeure instable. Les drones pourraient également fournir des renseignements aériens sur les pirates opérant dans le golfe de Guinée.

Et il y a plus, des soldats des forces spéciales américaines sont stationnés au Bénin pour conseiller les commandos locaux lors de missions de lutte contre les militants et fournir des renseignements sur les activités insurgées.
En mai 2024, le Ghana devrait accueillir des exercices financés par les États-Unis au cours desquels des commandos américains, européens et ouest-africains s’entraîneront pour des missions de lutte contre le terrorisme.

Mots clés :#AlQaida | #Bénin | Daesh | États-Unis
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