Démission de Hamdok, le processus démocratique est-il en danger au Soudan?

Jan 13, 2022 | Les rapports

Le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok a décidé, le 2 janvier 2022, de démissionner de son poste, qu’il a occupé il y a deux ans, après des mois de protestations populaires au cours desquelles des civils ont été tués. Ces manifestations ont été organisées pour rejeter les mesures exceptionnelles imposées par les forces armées, en vertu desquelles le gouvernement et le Conseil souverain ont été dissous et l’accord signé avec le Gouvernement est tombé dans l’eau.

La démission de Hamdok est intervenue dans un timing critique pour le Soudan au vu de la situation prévalente dans ce pays caractérisé par la tension, la complexité, l’incertitude et des interactions rapides complexes. A la lumière de ce qui précède, des indications sur l’avenir de la situation au Soudan commencent à se profiler.

Interactions internes résultant de la démission et incapacité de contourner la composante militaire

La démission mènerait à une situation de chaos. La rue soudanaise considère la démission de Hamdok comme une victoire pour sa volonté après l’avoir accusé de se soumettre au vouloir de la composante militaire, et qu’il a signé l’accord avec le chef du Conseil souverain, le lieutenant-général Abdel Fattah Al-Burhan le 21 novembre dernier. En vertu de cet accord, la composante militaire aura un partenariat dans la gouvernance du pays. En outre, le Premier ministre a perdu son incubateur politique.

Mais le poste vide créé par Hamdok donne une nouvelle opportunité au Conseil militaire de nommer un autre nouveau Premier ministre civil, ce qui est également susceptible de se heurter à un rejet populaire.

La question qui se pose est la suivante : Est-ce que le Soudan a perdu la voie démocratique, compte tenu du fait que le prochain président civil sera d’une manière ou d’une autre fidèle à la composante militaire ?

Les opinions sont légion sur ce sujet. Premièrement : le partenariat avec la composante militaire n’était pas un choix simpliste pour les forces civiles soudanaises, mais plutôt un besoin indispensable, qui a commencé lorsque les révolutionnaires et les manifestants ont organisé un sit-in devant le commandement général de l’armée, considérant qu’il est le seul parti le mieux placé pour monopoliser la force dans le pays et est capable de renverser le régime d’al-Bashir. En conséquence, les appareils de violence qui détiennent la force dans le pays ont été détournés de la responsabilité, car ils exécutaient les ordres d’al-Bashir.

En effet, après la destitution d’Al-Bashir, un changement majeur s’est produit dans les composantes du Conseil militaire, après le remplacement de la plupart des membres originaux du Comité suprême de sécurité, ne laissant qu’Al-Burhan et Hemidti, le commandant de soutien rapide.

Néanmoins, cela ne signifie pas l’influence des membres islamistes limogés du Comité sur le régime d’Al-Bashir, notamment le directeur du Service de sécurité et de renseignement, Salah Gosh et son adjoint, Jalal Al-Sheikh. Aussi, il s’agit du lieutenant-général Kamal Abdel-Marouf, Chef d’état-major des Armées, le lieutenant-général Mustafa Muhammad Mustafa, directeur du renseignement militaire, le lieutenant-général Al-Tayyib Babiker, directeur de la police, et le lieutenant-général, Chef d’état-major Omar Zain al-Abidin, directeur général du système des industries de défense, et les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur Al-Derdriri Muhammad Ahmed et Beshara Jumaa.

Le régime d’Al-Bashir est enraciné dans les rouages de l’État soudanais et au sein des services de sécurité et militaires. Il n’est pas exclu que les éléments militaires qui ont remplacé les membres supérieurs du Comité de sécurité soient secrètement liés ou affiliés aux islamistes ; comme il n’est pas exclu que le Comité travaille par l’intermédiaire d’agents en coulisses pour saboter la période de transition dans l’espoir du retour des islamistes.

Plus précisément, ce système ne permettra pas d’une manière ou d’une autre à un système démocratique d’être hors de contrôle. A cet effet, la composante militaire est susceptible de recourir à « imposer le fait accompli » avec plus de violence pour freiner le mouvement de protestation, nommer un civil au poste de Premier ministre, et former un gouvernement sans soutien populaire et ne dirigera donc pas une forme démocratique qui soutient la stabilité et la sécurité dans le pays.

La deuxième opinion soutient que les forces protestataires et révolutionnaires ont travaillé en partenariat avec un Comité de sécurité qui n’a pas la même emprise islamique que par le passé, et que le défaut réside dans les forces de la révolution elle-même, qui n’ont pas été en mesure de cristalliser une unité dans laquelle les changements seront exploités en faveur d’un projet de transformation démocratique découlant de la volonté nationale. D’autant plus qu’il y ait une prédominance d’idéologies divergentes sur la scène de la lutte des forces de la révolution soudanaise, des partis et des mouvements

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