Burkina Faso : le déploiement inédit de militaires russes, un changement géopolitique majeur au Sahel

Jan 27, 2024 | Afrique, Les rapports, politique

La bagatelle de 100 militaires russes sont arrivés à la mi-janvier 2024 dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, Ce qui est tout à fait inédit. Il s’agit assurément du premier déploiement substantiel de troupes russes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Des sources concordantes de sécurité étrangères à Ouagadougou ont confirmé le déploiement.

Ce dernier, rapporté par la chaîne African Corps sur l’application de messagerie Telegram, affiliée au ministère de la Défense russe, prétend que les militaires ont pour objectif « d’assurer la sécurité du dirigeant du pays, Ibrahim Traoré, et du peuple burkinabè ».

« Mercredi 24 janvier 2024, à 14 heures, 100 spécialistes militaires russes sont arrivés dans la capitale du Burkina Faso , Ouagadougou. Au total, 300 militaires sont attendus. » L’annonce a été faite ce 24 janvier 2024 sur Telegram par l’Africa Initiative. Cette même agence a publié une série de photos montrant des hommes de type caucasien en tenue militaire, le visage dissimulé derrière des cache-cous, devant un Iliouchine IL-76 (un avion de transport russe) sur la piste d’un aéroport présenté comme étant celui de Ouagadougou, révèle le Monde le 24 janvier 2024.

La chaîne African Corps a suggéré en outre qu’un contingent supplémentaire de 200 soldats serait déployé dans un avenir proche. Pour l’heure, le ministère russe de la Défense ne l’a pas confirmé.

A ce titre, des photographies publiées sur Telegram par l’Initiative africaine, une agence de presse russe pro-Kremlin couvrant les affaires africaines, montrent des individus en treillis militaire déchargeant du matériel d’un avion Il-76 portant un drapeau russe.

Qu’on se le dise, selon l’Agence l’Initiative africaine, les 100 militaires russes arrivant à Ouagadougou ne se contenteront pas de protéger le Burkina Faso, mais fourniront également une formation aux forces locales et aideront à patrouiller dans les zones à haut risque.

Le gouvernement dirigé par la junte au Burkina Faso est sous surveillance en raison de ses alliances changeantes, en particulier depuis l’expulsion des troupes françaises au début de 2023. Cette action alimente les spéculations selon lesquelles le Burkina Faso pourrait approfondir ses liens de sécurité avec la Russie, à l’instar de son voisin, le Mali, où les mercenaires russes de Wagner sont activement présents.
Le déploiement des troupes russes au Burkina Faso suscite des inquiétudes parmi les nations occidentales quant à l’influence croissante de la Russie dans la région sahélienne de l’Afrique.

Les récents coups d’État au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont conduit à l’accession au pouvoir de juntes favorables à Moscou, remodelant ainsi la dynamique d’un conflit régional de longue date impliquant des groupes insurgés liés à Daech et à Al-Qaïda.

La synchronisation de ce déploiement ne manque pas de susciter des commentaires, compte tenu de la réouverture de l’ambassade russe au Burkina Faso en décembre 2023 et d’un accord précédent signé en octobre 2023 pour la construction d’une centrale nucléaire. Cette dernière vise du reste à renforcer l’approvisionnement électrique au Burkina Faso, où moins d’un quart de la population a actuellement accès à l’électricité.

Et il y a plus, des dirigeants militaires du Niger et du Tchad, deux pays voisins du Burkina Faso, ont effectué des visites officielles séparées à Moscou en janvier 2024, laissant entendre des collaborations et des déploiements potentiels dans la région.
Voilà de quoi alimenter les spéculations de la Communauté Internationale quant à l’évolution géopolitique et la reconfiguration des forces en présence qui s’annoncent au Sahel.

Olivier d’Auzon

Mots clés :#Sahel | #Wagner | Russie | terrorisme
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