Le silence s’est imposé sur les couloirs politiques français et l’a empêché de prendre des positions claires dans le débat tumultueux entre le mouvement populaire et l’autorité algérienne sur le bien-fondé de la tenue des élections présidentielles puis de commenter leurs résultats. Et avant sur le mouvement (El Hirak) algérien et les décisions du système, où toutes les parties l’accusent de vouloir s’ingérer dans les affaires intérieures du pays malgré son attachement au silence officiel.
L’Algérie a connu dix mois de manifestations populaires de masse sans précédent, suivies d’élections présidentielles pour choisir un successeur au président Abdelaziz Bouteflika. Les manifestants n’ont pas accepté les élections et ont considéré que c’était une manœuvre du régime pour rester au pouvoir, alors qu’une section de la rue est restée fidèle aux exigences d’un changement radical de régime.
« L’Autorité nationale indépendante pour les élections algériennes » a annoncé qu’Abdel Madjid Tebboune (74 ans) est le nouveau président de l’Algérie au premier tour avec 58,15% des suffrages, lors des élections où le pourcentage de votes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie a atteint 39,83%.
Commentaires provocateurs et félicitations différées
La position de Paris était ambiguë sur les élections algériennes, malgré les particularités des relations entre les deux pays, car c’est le seul pays qui n’a pas directement félicité le président élu et ses responsables focalisés dans toutes leurs déclarations sur la phrase « Nous en avons pris note ».
Les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, l’Espagne, l’Italie et d’autres pays arabes et africains ont félicité le nouveau président de l’Algérie, tandis que la France avait cinq jours de retard pour le féliciter, et la présidence française a annoncé dans une déclaration le 17 décembre que Macron avait passé un coup de fil avec Tebboune « Pour lui transmettre ses meilleurs vœux de succès dans l’exercice de ses nobles responsabilités. » Selon les observateurs, cette position, qui n’a pas été enregistrée depuis plus de deux décennies, puisque Paris a été parmi les premiers à bénir la victoire de l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, par les quatre mandats, mais la situation a différé cette fois, ce qui donne une indication que les relations algéro-françaises risquent de connaître plus de tensions.
Le refus français de féliciter le président vainqueur lors de la présidentielle du 12/12 était attendu. Le jour où il a annoncé la victoire de Tebboune à la présidence, Macron a commenté : « J’ai été informé de l’annonce officielle de la victoire de M. Tebboune aux élections présidentielles algériennes dès le premier tour, il faut ouvrir un dialogue entre les autorités et le peuple. » Deux jours plus tard, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a également répété le même commentaire du président Emmanuel Macron : « Nous avons pris note de la victoire de Tebboune » et a exhorté à « l’appel au dialogue ». Puis la réponse algérienne est venue du nouveau président, qui a refusé de commenter la déclaration de son homologue français et il déclare : « Il est libre de commercialiser les biens qu’il aime dans son pays, moi et j’ai été élu par le peuple algérien, et je ne reconnais que le peuple ».
Certains analystes en France pensent que le nouveau président algérien est hostile aux intérêts français, et ils comptent sur la construction de cette position, sur la base de la mesure prise par Tabboune il y a plus de deux ans quand il était premier ministre, où il a interdit l’importation de pommes françaises en raison de soupçons sur le gonflement de ses factures, après qu’il a eu l’information sur son prix à la source, et sur ce qui est commercialisé en Algérie, Ce qui a provoqué un choc chez les agriculteurs en France et une alliance suspecte en interne par certains des symboles des « gangs » a conduit à son éviction du Premier ministre.
La déclaration française a compliqué la crise des relations entre l’Algérie et Paris, qui est entrée dans le tunnel aux premiers jours du mouvement populaire, et la raison en est que l’institution militaire a accusé la France de soutenir des parties internes qui visaient à aggraver la situation dans le pays en sautant sur les efforts de l’institution militaire qui recherche des solutions à la crise que traverse le pays. Cela a été évoqué par le chef d’état-major de l’armée populaire nationale, le général Ahmed Gaid Saleh, dans plusieurs discours.
En revanche, le mouvement populaire accuse la France de protéger le système politique algérien et de contrôler ses décisions, et qu’il n’a pas été possible à l’autorité algérienne de résister à l’humeur de la rue, dont le bruit n’a pas diminué depuis février dernier, sans le soin et la protection que Paris apporte à ses partenaires au pouvoir en Algérie.
Tension dans les relations et les préoccupations
Les relations entre les deux pays ont décliné depuis le début du mouvement au cours du mois de février 2019, principalement parce que le régime et la rue algérienne accusent Paris d’essayer de « se mêler » de la crise actuelle, malgré leur silence.
La position française semble grise, cherchant à tenir le bâton de la moitié, appelant à laisser les Algériens décider de leur sort, et observant les détails de ce qui se passe en Algérie, car la France a des intérêts directs avec ce pays.
La France craint de récolter les conséquences négatives des développements à travers une nouvelle vague d’immigration massive d’Algériens sur son territoire, similaire à ce qui s’est passé pendant la « décennie noire » des années 1990. C’est quelque chose que la France ne peut tolérer, car cela provoquerait des troubles politiques, sociaux et économiques qui menacent la stabilité de la France elle-même.
Plus de 4 millions de personnes d’origines algériennes vivent en France, et toute agitation dans le pays nord-africain aura des répercussions en France.
En revanche, l’impasse diplomatique entre les deux pays suscite l’inquiétude de la France quant à l’impact des événements sur les relations économiques entre les deux pays, ou qu’elle affecte négativement la région du Sahel, qui connaît la croissance des groupes armés, et la France n’a pas pu éliminer ces groupes malgré son intervention militaire il y a sept ans.
Les références diplomatiques françaises estiment que la situation en Algérie est contrôlée et que le mouvement est toujours sous contrôle, prenant des formes normales que de nombreux pays ont connues, par conséquent, on s’attend à ce que Paris maintienne une diplomatie prudente et conservatrice qui suit le rythme des développements en Algérie, en évitant toute position qui pourrait être considérée comme interférant pour influencer les tendances de la controverse actuelle en Algérie. De plus, l’avenir des relations entre les deux pays ne s’écartera pas du cercle des relations entre pairs et pragmatiques conformément aux intérêts communs.